L’AFFAIRE avait fait grand bruit dans le milieu hospitalier, en 2006. Un chauffeur routier de 23 ans, Fouad ben Moussa avait fait irruption en salle de naissance, à l’hôpital Robert-Debré, à Paris, pour exiger des informations au sujet de son épouse qui venait d’accoucher ; il avait empêché le Pr Jean-François Oury, d’examiner la patiente, le giflant et l’expulsant de la chambre, au motif que la religion musulmane proscrivait l’intervention d’un médecin homme. Il avait ensuite monté la garde pendant plusieurs heures devant la porte, invectivant le personnel, jusqu’à ce que des vigiles le conduisent au commissariat. Le PH, l’AP-HP, ainsi que l’Ordre des médecins s’étaient constitués partie civile, dénonçant la multiplication de tels incidents provoqués par des patients au nom de principes religieux. « On est en République, dans un lieu public et laïc, avait rappelé la représentante du parquet. L’hôpital public, c’est le lieu où tout le monde vient au monde avec les mêmes chances, le premier lieu de la mixité sociale. Ce n’est pas vraiment là qu’il faut invoquer la religion pour obtenir un traitement différent, ce comportement est inadmissible. » Le tribunal avait condamné le prévenu à une peine de six mois de prison ferme, ainsi qu’à 2 500 euros de dommages et intérêts.
Sept ans plus tard, aucun incident de caractère religieux n’a nécessité un suivi réglementaire ou judiciaire, assure au Quotidien M. Boumedienne Medini (direction droits de patients, AP-HP). « Cette évolution est encourageante, estime Louis-Xavier Thirode, chef du Bureau central des cultes (BCC) au ministère de l’Intérieur, et sans doute la présence des aumôniers au sein des établissements hospitaliers contribue-t-elle à l’apaisement et à la prévention de dérives à caractère fondamentaliste. »
De fait, l’aumônerie musulmane milite pour « le respect de la laïcité, avec l’engagement d’éviter tout geste et parole qui pourrait être ressenti comme du prosélytisme ; la prise en compte de la réalité hospitalière, les impératifs de soins passant avant les obligations religieuses ; la considération des patients, qui interdit à l’aumônier de se substituer au personnel hospitalier ; le recrutement d’aumôniers compétents, intègres, de bonne moralité, ayant le sens du contact, loin de tout extrémisme » (charte de l’aumônerie musulmane). Comme le souligne Abdelhaq Nabaoui, aumônier national musulman, « l’aumônier remplit un rôle de médiateur ; par exemple, quand des patients demandent à être pris en charge par des médecins du même sexe qu’eux, nous leur rappelons que leur devoir religieux consiste à être soigné sans poser cette condition. »
À l’AP, les seuls « rappels » au règlement de la laïcité à l’hôpital (circulaires DHOS des 2 février 2005, 20 décembre 2006 et 5 septembre 2011) ont concerné ces derniers mois des protestations exprimées par des patients ou des familles après des visites d’aumôniers qui n’avaient pas été souhaitées, ces rappels étant destinés à tous les cultes.
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