Le recours à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) suit la tendance à la hausse constatée depuis 1995, atteignant son niveau le plus élevé pour l'année 2019, révèle une étude de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES).
Avec 232 200 IVG enregistrées en France sur l'année observée, le taux de recours à l'IVG atteint ainsi 15,6 IVG pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans en métropole et 28,2 dans les départements et régions d'outre-mer (DROM). Ce sont les jeunes femmes de 20 à 29 ans qui restent les plus concernées avec un taux de recours de 27,9 pour 1 000.
Du simple au triple selon les régions
Les écarts régionaux perdurent, « les taux de recours allant du simple au triple selon les régions », indique l'équipe coordonnée par Annick Vilain. En métropole, ils varient ainsi de 11,8 IVG pour 1 000 femmes en Pays de la Loire à 22,9 en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Plus élevés dans les DROM, ils dépassent 39 pour 1 000 femmes en Guadeloupe et en Guyane.
En métropole, les pyramides des âges étant très semblables d'une région à l'autre, les différences ne peuvent s'expliquer que par « des différences de comportement ». Dans les DROM, il faut noter des situations hétérogènes : les taux seraient probablement encore plus élevés en Guadeloupe et en Martinique mais moindres à Mayotte et en Guyane, s'ils étaient standardisés selon la moyenne nationale (part plus élevée de femmes de 45 à 49 ans dans les Caraïbes et femmes plus jeunes pour les deux autres DROM).
Par ailleurs, deux femmes sur dix réalisent leur IVG hors de leur département de résidence, ce qui peut correspondre à un choix des femmes, à une plus grande proximité géographique mais aussi à des difficultés d'accès dans certains territoires.
Un quart des IVG (25,4 %) ont été réalisées hors structure hospitalière en métropole, par rapport à 41,6 % dans les DROM. À l'hôpital, la part des IVG instrumentales (41 %) continue de décroître, correspondant à 30 % du total des interruptions. Autrement dit, 70 % des IVG sont réalisées de façon médicamenteuse, « contre 30 % en 2001 », est-il rappelé.
Un recours plus fréquent pour les faibles revenus
Par ailleurs, même si la moitié des IVG réalisées en établissement hospitalier concernent des grossesses de moins de 8 semaines d'aménorrhée (SA), une IVG sur 20 reste pratiquée entre 12 et 14 SA. « Les IVG réalisées durant les deux dernières semaines du délai légal peuvent en partie rendre compte de difficulté de parcours et d'accès, du fait d'une offre insuffisante ou d'une méconnaissance du système de santé par les femmes concernées », est-il suggéré dans le rapport.
En effet, les IVG tardives diminuent avec l'âge : 10,5 % chez les mineures, 8,5 % chez les 18-19 ans, 6,6 % chez les 20-24 ans et 4,9 % chez les femmes les plus âgées. « Cela peut révéler des parcours plus longs ou une prise en compte plus tardive de leur grossesse chez certaines jeunes femmes », analysent les auteurs.
Et, pour la première fois, la DREES a apparié les données de l'IVG à des données fiscales, via la méthodologie dite de l'échantillon démographique permanent (EDP). Les données pour l'année 2016 font apparaître une corrélation nette entre niveau de vie et IVG, où les femmes les plus précaires y recourent sensiblement plus que les plus aisées. Si le revenu est un facteur indépendant de la probabilité de recours à l'IVG, les écarts peuvent être aussi en partie liés à des différences d'âge ou de statut matrimonial, le recours à l'IVG étant plus élevé aux âges les plus féconds et moindre de 37 % chez les femmes en couple.
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