Un tiers des femmes originaires d’Afrique subsaharienne suivies pour le VIH en France ont été infectées après leur arrivée. C'est ce que pointe l'étude ANRS PARCOURS à l'occasion de la 21e Conférence internationale sur le sida (AIDS 2016), précisant que le risque de contracter le VIH est plus élevé lorsque les femmes déclarent avoir subi au moins un rapport sexuel forcé après leur arrivée en France. « 15 % des femmes infectées en France ont déclaré avoir un rapport sexuel forcé en France contre seulement 4 % seulement des non infectées, et cela toutes choses étant égales par ailleurs », souligne Julie Pannetier, de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et principal auteur.
L'étude PARCOURS a été conduite entre 2012 et 2013 dans 74 services de santé. Elle porte sur les parcours de vie, l'infection par le VIH et le virus de l'hépatite B des migrants d'Afrique subsaharienne. Il y a un an, ses résultats avaient montré que 35 % à 49 % des immigrés originaires d’Afrique subsaharienne infectés par le VIH auraient contracté leur pathologie après leur arrivée en France. Chez les femmes, cette proportion est d'au moins 30 %.
Dans cette partie de l'étude, 570 migrantes d'origine subsaharienne traitées pour une infection par le VIH, dont 156 ont été infectées en France ont été interrogées, de même que 407 non infectées qui constituaient le groupe témoin. Les auteurs ont relevé que 22,2 % des femmes infectées avant le départ de leur pays d'origine ont reporté avoir souffert d'une relation sexuelle non consentie après 14 ans, de même que 23,1 % des femmes infectées après leur arrivée en France et 18,3 % des femmes non infectées.
Un risque qui s'accroît après l'arrivée en France
Les différences étaient plus marquées si l'on ne s'intéresse qu'aux rapports forcés survenant après l'arrivée en France, puisque 3,8 % des femmes infectées avant leur départ ont été sexuellement abusées après leur arrivée, contre 4,2 % de celles qui ne sont pas infectées et 17,3 % de celles qui ont été infectées après leur arrivée en France. Ce résultat semble indiquer une corrélation entre les relations sexuelles forcées et le risque d'infection par le VIH chez les migrantes originaires d'Afrique subsaharienne après leur arrivée. « Les femmes réfugiées en raison d'une menace pour leur vie avaient un risque 5 à 6 fois supérieur que les femmes qui venaient en France pour d'autres raisons comme le regroupement familial », précise Julie Pannetier.
L'étude montre également que les années où les femmes n'ont pas de logement stable constituent le climax des périodes à risque pour elles. « Les femmes qui viennent en France pour le regroupement familial étaient celles qui avaient le moins de risque de subir des violences sexuelles, car elles avaient déjà un foyer à leur arrivée », poursuit Julie Pannetier pour qui « ces résultats mettent en évidence qu'il est nécessaire de renforcer le dispositif d'accès à un logement le plus tôt possible après l'arrivée en France ».
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation