Le médecin traitant de la famille d'un bébé mort de faim en 2013 dont les parents ont été depuis lourdement condamnés, a plaidé jeudi l'erreur d'appréciation devant le tribunal correctionnel de Guéret. Le Dr Jean-Louis V., 62 ans, était poursuivi pour « non-assistance à personne en danger », un « fait rare » selon l'association L'Enfant bleu, partie civile après la mort du petit Gabin, à l'âge de 22 mois.
Masque sur le nez, costume noir, cheveux poivre et sel, le médecin, toujours en activité, a affirmé devant le tribunal : « Je n'ai rien vu. L'état de Gabin ne m'inspirait pas d'inquiétude. Pendant les consultations, il était toujours propre et bien vêtu. »
« Il était toujours dans les bras de sa mère. J'avais la famille parfaite en face de moi. Céline Vialette n'a jamais posé de problème. Elle était très attentive à son enfant. Elle semblait s'occuper parfaitement de Gabin », a poursuivi le médecin. Il a répété les arguments développés devant la cour d'assises de la Creuse qui a condamné le 15 novembre 2019 les parents à 17 ans de réclusion criminelle.
« Abstention fautive »
Édouard Ruaud, 40 ans, et Céline Vialette, 34 ans, poursuivis pour « privation de soins et d'aliments suivie de mort d'un mineur de 15 ans », avaient affirmé être alors accaparés par des difficultés de couple et d'argent. Le médecin avait assuré n'avoir « jamais constaté un quelconque signe de danger » sur l'enfant, qu'il avait vu sept fois entre janvier 2012 et avril 2013.
Gabin était mort de dénutrition et de déshydratation aboutissant à une cachexie, « c’est-à-dire qu’il n’avait que la peau sur les os », avait affirmé l'accusation devant les assises. Le 25 avril 2013, lors de sa dernière visite chez le médecin, « Gabin pesait 8,550 kg. Six semaines plus tard, quand il est mort » aux urgences, le 7 juin, « il ne pesait plus que 5,825 kg (...) C’est le poids qu’il faisait à trois mois », selon la même source.
La contre-expertise conduite après le décès de l'enfant a pointé une « abstention fautive » de la part du généraliste qui n'aurait pas noté sa taille et son poids. « Le fait que l'enfant ne marche pas à l'âge de 20 mois aurait dû l'alerter et orienter Gabin vers une équipe pédiatrique », soulignent également les experts. Dans un communiqué, l'association L'Enfant bleu « alerte sur le rôle majeur des médecins dans le repérage et le signalement de maltraitance sur enfant ».
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