Un plan français pour l’Afrique de l’Ouest

Publié le 06/11/2014
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Le Pr Jean- François Delfraissy, coordinateur interministériel de la lutte contre Ebola, a présenté il y a quelques jours son plan de lutte contre l’épidémie d’Ebola en Guinée approuvée par François Hollande. Un plan ambitieux qui prévoit l’ouverture de 4 centres dont celui de Massenta mais qui risque de rencontrer des problèmes de personnels soignant.

Le fonctionnement du nouveau centre de traitement de Massenta, actuellement en cours de montage par le personnel de Médecin Sans Frontière (MSF) sera assuré par 20 à 25 expatriés, en grande majorité issus des rangs de l’établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS) sous la supervision de la Croix Rouge. « Initialement, il devait y avoir 100 lits, mais il s’est avéré qu’il vaut mieux ne pas ouvrir de trop gros centres. Il y aura donc 30 à 40 places », précise le Pr Delfraissy. « Les gros centres sont perçus comme des lieux d’exclusion par la population. Les Américains ont ouvert deux centres de traitement au Liberia qui sont à moitié vides car les malades n’osent pas s’y rendre », cite-t-il en guise d’exemple. Le centre de Massenta qui ouvrira ses portes à la fin novembre est située en Guinée forestière, dans une zone difficile d’accès, à trois jours de camion de Conakry et à 7 heures de la piste d’aéroport la plus proche. Il est notamment difficile d’amener sur place les infrastructures nécessaires aux biologistes.

Koria et Forécariah

Une fois Massenta mis en service, d’autres centres de 30 lits sont prévus. Les localités de Koria et Forécariah, situées à la frontière du Sierra Leone, ont été évoquées par le Pr François Bricaire, président de la commission des relations et opérations internationales du conseil d’administration de la Croix-Rouge française, lors d’un entretien avec « Le Quotidien du Médecin ». Le principal problème reste de trouver des opérateurs pour les faire fonctionner, alors que MSF affirme depuis des mois être au bout de ses capacités. Pour Jean François Delfraissy, il va falloir envisager « d’impliquer plusieurs ONG sur chaque site. » En tout, c’est une présence permanente de 80 volontaires qui sera nécessaire avec comme difficulté supplémentaire la nécessité d’éviter le barrage de la langue. « Je ne crois pas à l’idée de faire venir des personnels cubains ou chinois en Guinée, estime le Pr Delfraissy, pour traiter une pathologie comme Ebola, il faut que le médecin parle la même langue que le malade : le français. » Une solution pourrait être de confier la gestion d’un des centres à des personnels soignants québécois.

Le Pr Delfraissy a par ailleurs rappelé sa volonté d’impliquer les soignants guinéens. Un centre de formation doit bientôt ouvrir ses portes à Conakry, et doit servir de relais à l’unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile N° 1 (UIISC 1) de Nogent-le-Rotrou. L’UIISC 1 va former chaque mois, à partir de novembre, 30 à 40 médecins, infirmiers et personnels administratifs. En plus de leurs actions dans les centres de traitement, ces derniers formeront à leur tour 150 soignants locaux chaque mois.

Assurer l’équité entre le nord et le sud

La France envisage enfin de mettre en place un centre de traitement dédié aux soignants du sud. « Les soignants guinéens infectés par le virus Ebola sont pour l’instant mélangés avec les patients, constate le Pr Delfraissy, nous voulons rétablir une certaine équité entre soignant du nord et du sud. » L’armée française va donc monter un centre dans la banlieue de Conakry, pourvu de 10 à 12 lits de soin dédiés, et de 4 à 6 lits pour les soins non Ebola, le tout géré par 130 personnes, dont 70 soignants, dépêchés par le service de santé des Armées.

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du Médecin: 9363