En dépit de quelques cas spectaculaires abondamment relayés par les médias, les plus de 75 ans, qui représentent 9 % de la population, ne sont impliqués que dans 4,5 % des accidents corporels, avec, parmi eux, une moitié d’automobilistes et une moitié de piétons et de conducteurs de deux-roues.
En pratique, de nombreuses études françaises et internationales ont montré que la majorité des conducteurs qui commencent à ressentir des difficultés au volant, notamment visuelles et cognitives, s’adaptent en renonçant par exemple à conduire la nuit ou aux heures de pointe. De même, la plupart de ces conducteurs finissent par se limiter à quelques trajets qu’ils jugent indispensables avant, le plus souvent, d’abandonner totalement le volant.
Des accidents moins graves
Les accidents causés par des conducteurs âgés sont en général moins graves que ceux occasionnés par d’autres conducteurs, car beaucoup plus rarement liés à la vitesse et à l'alcool. Par contre, les personnes âgées étant plus fragiles que les autres, elles meurent plus souvent des suites de leurs blessures que les jeunes conducteurs, plus résistants à choc égal. Même si quelques pays du nord de l'Europe ont mis en place des examens médicaux périodiques pour les conducteurs âgés, ceux-ci sont considérés dans la plupart des pays, dont la France, comme inutiles voire contre productifs. En effet, « arrêter » totalement un conducteur revient à en faire un cycliste ou un piéton qui, à son tour, va devenir beaucoup plus vulnérable qu’un conducteur « modéré ». Le Dr Michèle Muhlmann-Weill, ancienne directrice du SAMU de Strasbourg, étudie depuis plusieurs années les aspects médicaux et sociaux de la conduite des Seniors : pour elle, interdire à une personne âgée de conduire, surtout lorsqu’elle est isolée, revient aussi à la « condamner » socialement tout en accélérant, pour cette raison, son déclin mental et physique. Il n’en reste pas moins que si les conducteurs les plus âgés adoptent eux-mêmes des stratégies pour limiter leurs situations à risque, ils ne sont pas toujours conscients de leurs insuffisances… ni des évolutions des règles et des conditions de circulation depuis l’époque parfois lointaine de leur permis.
Des ateliers de la mobilité
Pour cette raison, l’Automobile Club Association (qui fédère plusieurs automobiles clubs français) propose depuis peu des « ateliers de la mobilité » qui permettent aux « conducteurs expérimentés », forts de 30 ou 40 ans de permis, de mettre à jour leurs connaissances, mais aussi de « mieux se comprendre pour mieux réagir » et, enfin, de passer s’ils le souhaitent un « audit de conduite » en situation réelle avec un professionnel de la route. Comme l’explique enfin le Dr Muhlmann-Weill, le problème majeur n’est pas la baisse cognitive, souvent compensée par des modifications de comportement pour y faire face, mais l’absence de conscience de cette baisse. Les proches, mais aussi les médecins, peuvent contribuer à cette prise de conscience, ce qui se fait dans la majorité des cas. Par contre, lorsqu’un conducteur, refuse de cesser de conduire malgré son état, par exemple en cas de démence, le médecin ne dispose d’aucun outil légal pour lui faire lâcher le volant. Il a néanmoins le devoir de l’informer clairement, ainsi que ses proches, des risques qu’il court en refusant de le faire.
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