L’ARS a lancé une procédure d’alerte et de sensibilisation en PACA, auprès des établissements de santé et des médecins libéraux autour d’une souche mutante de la bactérie Clostridium difficile 027. Quatre personnes sont encore hospitalisées.
Depuis le mois de mars, une épidémie de cas de patients atteints de diarrhées sévères pouvant causer la mort, s’est déclarée dans les établissements sanitaires et médico sociaux des Bouches du Rhône. C’est la première fois à Marseille que l’on voit apparaître cette souche mutante de la bactérie Clostridium difficile 027, qui a touché 41 personnes principalement des personnes de plus de 75 ans.
Grâce à la procédure d’alerte lancée dès l’apparition des premiers cas, cette épidémie est pour l’instant circonscrite sur Marseille. « Depuis mars 2013, 80 cas ont été recensées dont 41 touchées par une infection à Clostridium difficile 027 dans les Bouches-du-Rhône, confirme le Dr Francis Charlet, chargé de la veille et sécurité sanitaire à l’ARS PACA. Et cette infection a été identifiée dans 6 établissements sanitaires et médico-sociaux de ce département dont l’APHM. »
Une souche très contagieuse
Si le bacille Clostridiumdifficile est connu depuis plus de 10 ans aux Etats-Unis et au Canada dans sa version virulente sous la forme 027, il n’a été repéré en France qu’en 2005-2006, à la suite d’une épidémie dans la région Nord Pas de Calais. Cette souche provoque des diarrhées, dont la sévérité est variable, après la prise d’antibiotiques. Diarrhées modérées dans le cas de Clostridium difficile simple et sévères voire mortelles dans des cas plus rares d’émergence du clostridium difficile 027. « Cette souche est dangereuse car très contagieuse », assure pour sa part le Pr Didier Raoult, directeur du laboratoire de virologie de l’Hôpital de la Timone à Marseille.
Elle peut entraîner selon lui, le décès de 30% des personnes concernées. L’ARS annonce pour sa part des chiffres moindres, car elle ne reconnaît pas de lien de causalité directe. Sur 20 personnes hospitalisées depuis le mois de mars, 6 sont décédées. « Il s’agit avant tout de personnes âgées qui souffraient de pluri pathologies, poursuit le Dr Charlet. Et l’on ne peut dire avec certitude ce qui a provoqué la mort de ces personnes. C’est un élément à prendre en compte parmi d’autres. »
Un risque d’épidémie modéré
Les derniers cas connus, au nombre de 4, ont été placés en isolement au sein du service de maladies infectieuses de l’Hôpital Nord à Marseille. Le message d’alerte qui continue d’être émis sur toute la région PACA doit éviter une diffusion hors Marseille. « Les établissements ont été alertés par l’ARS, ajoute le Dr Pierre Edouard Fournier, du Comité de lutte contre les maladies nosocomiales de l’APHM. Le risque d’épidémie est modéré actuellement. Les recommandations permettent de réagir et de prendre en charge les personnes dès qu’il y a suspicion d’infection. »
Les personnes, porteurs du Clostridiumdifficile 027, doivent être isolées et soumises à des mesures d’hygiène très strictes, pour elles mais aussi le personnel et les familles. « Effectivement, cette bactérie est résistante aux solutés hydro-alcoolique utilisés par le personnel soignant pour se désinfecter les mains de même qu’aux produits de nettoyages couramment utilisés dans les hôpitaux » confirme le Dr Jean-Christophe Delarozière de l’Antenne régionale de lutte contre les infections nosocomiales (ARLIN). Il convient donc de revenir à l’utilisation de l’eau de javel ou du savon doux pour lutter contre ces germes résistants et d’adapter le traitement, réhydratation, antibiothérapie et quelquefois traitement chirurgical pour les patients les plus atteints.
Une sensibilisation des médecins libéraux
Mais pour éviter une propagation encore plus rapide, l’ARS PACA a décidé de sensibiliser les médecins généralistes, avec un communiqué envoyé à l’URPS. « Il s’agit d’abord de penser au diagnostic, de réfléchir à la prescription d’antibiotiques, et de proposer un diagnostic laboratoire si nécessaire pour repérer le clostridium 027 pour proposer une hospitalisation en cas d’urgence », assure Jean-Christophe Delarozière. Tout est fait pour maintenir cette problématique de maladie nosocomiale placée, à la croisée des secteurs sanitaire et médico social sous contrôle.
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