« Il n’est pas normal qu’il y ait 400 consultations jeunes consommateurs en France et qu’elles soient si peu connues », a déploré la présidente de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) Danièle Jourdain Menninger lors du lancement de la nouvelle campagne élaborée en partenariat avec l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) et le ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes.
Une réponse spécifique pour les jeunes
La campagne qui « est aussi le fruit d’un travail collaboratif avec les professionnels de terrain, en premier lieu la Fédération Addiction », précise François Bourdillon, le tout nouveau directeur général de l’INPES, vise en quleque sorte à mieux diffuser le « réflexe CJC ».
Créées en 2005 et intégrées aux Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) depuis 2008, les CJC (consultations jeunes consommateurs) sont nés du besoin de réponse spécifique au phénomène de l’addiction des plus jeunes. « Nous avons un vrai problème avec l’usage de drogues chez l’adolescent qu’elle soit licite ou non licite », souligne Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération Addiction.
Avant la mise en place des CJC, « deux portes d’entrée principale étaient développées par les politiques publiques : soit il s’agissait d’une maladie mentale, le jeune était malade, soit il s’était fait prendre et avait commis un acte de délinquance », poursuit-il. Il fallait cette troisième porte d’entrée pour tous ceux qui ne sont ni malades ni délinquants, mais qui ont un usage problématique d’un produit ou d’un jeu vidéo.
Repérage et intervention précoce
Les CJC, qui proposent des consultations anonymes et gratuites, entérinent « l’approche globale plutôt que l’approche par produit », insiste Danièle Jourdain Menninger. Il s’agit d’intervenir le plus tôt possible avant que l’addiction ne s’installe. Et là, il s’agit de bouleverser les pratiques qui longtemps ont consisté « à attendre que le jeune consulte » plutôt que d’aller vers eux, même quand ils ne sont pas demandeurs.
« L’idée est de ne pas diaboliser », relève le Dr Olivier Phan, psychiatre, responsable CJC, Centre Pierre Nicole, Paris, coauteur avec Jean-Pierre Couteron et la psychologue Muriel Lascaux du manuel PAACT (processus d’accompagnement et d’alliance pour le changement thérapeutique) destiné aux médecins. « Avant d’envisager un processus de changement, il faut une bonne alliance et cela se travaille », précise-t-il.
La campagne s’inscrit dans le cadre du plan de lutte contre la drogue et les conduites addictives et dans celui de la stratégie nationale de santé du gouvernement qui a fait des jeunes et de la lutte contre les addictions, un axe fort et une priorité.
Elle s’articule autour de 3 spots télés diffusés à partir de ce lundi et jusqu’au 8 février. Chacun sur un thème différent (cannabis, jeux vidéo, alcool) renvoie sur la ligne 0.800.23.13.13 et montre comment les CJC peuvent être un lieu de dialogue entre l’adolescent et ses parents qui aide à faire le point dès les premiers stades de la consommation afin de proposer si besoin, un suivi personnalisé.
La campagne se décline aussi sur le Web (bannières, réseaux sociaux...) tandis qu’un ensemble de documents d’information (affiches, dépliants, carte mémo...) a été créé et envoyé à plus de 90 000 exemplaires pour aider les professionnels de santé de même que les intervenants éducatifs, sociaux et sportifs à relayer le message auprès des jeunes. Les supports de la campagne renvoient tous vers le dispositif d’aide à distance : www.drogues-info-service.fr.
Des médecins en première ligne
La campagne vient compléter tous les dispositifs existants et notamment la plate-forme www.intervenir-addictions.fr destiné spécifiquement aux médecins généralistes qui sont un des premiers interlocuteurs de proximité capables de repérer précocement les jeunes en difficulté.
En France, les niveaux de consommation de certaines substances psychoactives sont élevés chez les jeunes : 42 % des adolescents de 17 ans déclarent, selon l’enquête OFDT/Escapad (2011) avoir expérimenté le cannabis, 42 % à avoir consommé du tabac au cours du mois passé et 53 % à avoir bu au moins 5 verres en une occasion au cours du mois passé.
« Un adolescent sur 10 déclare utiliser Internet plus de 10 heures par jour », relève le directeur général de la santé Benoît Vallet. Selon une enquête menée en décembre 2014 pour l’INPES, si un quart des parents et des adolescents a déjà entendu parler de lieux destinés à accueillir les jeunes ou leur famille pour discuter des conduites addictives, aucun d’entre eux ne cite spontanément les CJC. Seulement 16 % des parents et 23 % des adolescents en ont déjà entendu parler.
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