L’Institut de veille sanitaire (InVS) et la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS) publient la première étude globale sur l’état de santé, l’accès aux soins et aux droits des personnes en situation de Handicap. L’étude ProSanté a inclus 251 personnes dans plusieurs villes de France : 66 % de femmes, 9 % d’hommes et 25 % de transgenre (personne dont l’identité de genre, l’expression ou le comportement est en inadéquation avec son sexe biologique). Plus des trois quarts étaient de nationalité étrangère. La tranche d’âge des 25-34 ans était la plus représentée.
En dépit du faible nombre de personnes incluses – 88 % contactaient les clients dans la rue ; les personnes ayant une activité de prostitution « indoor » (Internet, téléphone, appartement, salon de massage) ne sont quasiment pas représentées – les résultats permettent « une meilleure connaissance des populations en situation de prostitution les plus précarisées ». Ils montrent notamment que 39 % vivent dans un logement précaire (hôtel, centre d’accueil...), la moitié n’a pas de titre de séjour ou a un titre précaire.
État de santé perçue peu satisfaisant
Plus de la moitié (52 %) déclare être dans un état de santé « moyen, mauvais ou très mauvais, proportion bien supérieure à celle déclarée par la population générale », soulignent les auteurs de l’étude. D’après une enquête de l’INSEE, ce taux serait de 14 % chez les femmes de 25-34 ans. Plus du tiers déclare une maladie chronique (70 % des transgenres), parmi lesquelles le VIH/sida, une maladie respiratoire, un diabète ou une hépatite virale Une majorité de participants déclare des problèmes de sommeil et la consommation de somnifères. Les personnes se révèlent fragiles sur le plan psychique (sentiment d’anxiété, pensées suicidaires) et très exposées aux violences physiques ou psychologiques. Toutefois, « l’état de santé observé par les médecins se révèle cependant bon », relèvent les auteurs. Seulement dans 16 % des cas, l’examen clinique révélait un état de santé moyen, mauvais ou très mauvais. Cette divergence entre santé observée et santé déclarée « s’explique en partie par la difficulté les médecins, lors de la consultation médicale, à évaluer l’état psychique des consultants », avancent les auteurs.
Conduites à risque, vaccination, contraception
Une analyse des conduites à risque révèle un « usage du préservatif masculin... quasi systématique lors des pénétrations anales/vaginales tarifées » même s’il est moins fréquent « lors de fellations ou de rapports hors prostitution ». En revanche, les personnes « sont peu vaccinées contre l’hépatite B, alors qu’il s’agit d’un virus transmissible par voie sexuelle » et leur « consommation d’alcool et de tabac est plus importante qu’en population générale ».
L’étude montre « une grande vulnérabilité sur le plan gynéco-obstétrical » chez les femmes : faible prévention du cancer du col – 34 % n’ont jamais réalisé de frottis –, recours peu fréquent à une contraception orale au bénéfice de l’IVG. Les femmes se plaignent également de problèmes de surpoids.
Les principales raisons d’un non-recours aux soins sont financières – 74 % bénéficient d’une couverture maladie mais plus de la moitié n’ont pas de complémentaire santé –, la barrière linguistique et la méconnaissance des lieux de soins sont également évoquées. L’étude ProSanté fait suite à une demande de la Direction générale de la santé (DGS) d’actualiser les connaissances sur la santé des personnes prostituées. Les études françaises dans cette population sont rares et remontent pour la plupart au milieu des années 1980 et à l’émergence du sida. L’étude se situe dans le contexte de la loi de sécurité intérieure de 2003 dont l’impact « sur l’augmentation de la précarité et des violences subies par cette population, peut laisser craindre une aggravation de leur état de santé », soulignent les auteurs du rapport.
L’abrogation du délit de racolage adoptée en commission au Sénat
La commission des Lois du Sénat a adopté la proposition de loi d’Esther Benbassa (EELV) abrogeant le délit de racolage public et qui sera examinée le 28 mars par la Haute Assemblée. La loi pour la sécurité intérieure de 2003 a pénalisé le racolage, actif et passif, en le punissant d’une peine maximale de 2 mois d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende. Elle avait pour objectif de diminuer les troubles à la tranquillité publique, tout en permettant à la police et à la gendarmerie de recueillir des informations sur les réseaux de proxénétisme. Ces deux objectifs sont loin d’être atteints, a estimé la rapporteure Virginie Klès (PS). Elle a observé que la crainte d’être arrêtées avait conduit de nombreuses personnes prostituées à s’éloigner des centres urbains, aggravant leur situation sanitaire et sociale et les exposant à un risque accru de violences.
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