PAUVRE EUROPE ! Elle est tiraillée par des forces centrifuges. Son unité est menacée. Il n’y a pas de commune mesure entre les difficultés de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal, qui sont énormes, et celles de l’Allemagne et de la France. Par définition, tout le monde vogue dans le même bateau. La méfiance des institutions financières à l’égard d’une Grèce dont le laxisme ne date pas d’aujourd’hui et qui n’était guère, en conséquence, préparée à la crise, risque de compromettre la réputation même de l’UE. Au sein de l’Union, les plus vertueux, en particulier les Allemands, protestent contre ces pays qui n’avaient qu’une hâte, être intégrés sans avoir atteint les critères de Maastricht ou qui, comme les Grecs, ont truqué leurs comptes pour obtenir le visa.
Savoir ce que l’on veut.
L’euro a légèrement baissé par rapport aux autres monnaies, notamment le dollar, et, avec une certaine absence de logique, ceux qui dénonçaient le handicap que représentait une monnaie unique trop puissante, analysent la baisse comme un désastre. Il ne faut rien exagérer. D’abord, cette baisse ne sera que temporaire, car les États-Unis ne se relèveront pas de sitôt de la crise. Ensuite, il ne s’agit pas d’une chute libre, mais d’une diminution de 7 % de la valeur de l’euro par rapport au dollar. Ce qui est le plus important, c’est le malaise de tous les Européens : non seulement sont atteints durablement des pays (Espagne, Portugal, Irlande) dont la forte croissance avait coïncidé avec leur accession à l’Union, mais les nouveaux venus de l’Est ont été littéralement dévastés par la crise. Tous ont misé sur un développement forcené alimenté par l’emprunt. Tous se retrouvent avec une croissance négative qui ne leur permet pas de rembourser. Du coup, personne ne mise sur le redressement de l’Union, à commencer par ses membres eux-mêmes qui nourrissent des doutes sur l’intégration européenne, sur leur avenir comparé à celui d’une Asie en plein développement, sur la monnaie unique. Nombre d’Allemands souhaitent revenir au mark.
La voix la plus forte dans ce concert de gémissements, est celle d’Angela Merkel, qui a compris l’enjeu et a réaffirmé à plusieurs reprises que la Grèce serait sauvée quoi qu’il en coûte, justement parce que la chancelière, contrairement à une partie de ses concitoyens, refuse de faire marche arrière. Elle peut compter sur le soutien de la France qui, si elle revenait au franc, serait contrainte de le dévaluer. Ce qui protège l’Union contre l’explosion, c’est que le retour au statu quo ante serait pire que la résolution des problèmes actuels.
L’EUROPE PAIE SA PRUDENCE ET SON REFUS DE PRENDRE DES RISQUES
Cependant, le problème est politique. Le fonctionnement du traité de Lisbonne est extrêmement compliqué, avec un Parlement, une Commission, une présidence tournante, un président permanent, une ministre des Affaires étrangères. On nous avait dit qu’il ne fallait pas juger le président Herman van Rompuy et sa ministre, Catherine Ashton, avant de les avoir éprouvés, il est possible aujourd’hui de constater qu’ils ne brillent pas par leurs actions ou par leur dynamisme. Où était l’Europe quand Haïti a été dévastée par un séisme ? Pourquoi une aide européenne unifiée n’a-t-elle pas été substituée aux aides nationales ? Pourquoi l’Europe est-elle incapable de voler au secours des Haïtiens, comme l’ont fait les États-Unis? On a préféré se plaindre de la toute-puissance des Américains, de ce qu’ils se comportent en Haïti comme en pays conquis, on n’a certes pas tenté de les précéder. L’Europe les a autorisés à emplir le vide qu’elle a laissé. Où est José Manuel Barroso, le président de la Commission ? Que ne nous dit-il clairement comment le cas de la Grèce va être résolu ? Pourquoi n’y a-t-il pas un plan de l’Union pour colmater les brèches grecque, irlandaise, portugaise ? En d’autres termes, une prise en main de la crise par le président européen, avec un programme et des paroles fortes aurait déjà permis de rassurer les fameuses agences de notation qui ont doublé le taux de crédit auquel la Grèce doit désormais emprunter.
La responsabilté du mauvais fonctionnement du traité de Lisbonne revient, il faut le dire, à Nicolas Sarkozy et à Angela Merkel (et à Gordon Brown accessoirement), qui ont refusé de mettre une forte personnalité à la présidence permanente de l’Union et se sont contentés d’un dosage destiné à satisfaire les susceptibilités nationales. On peut penser ce qu’on veut de Tony Blair, mais, à la présidence européenne, il aurait conçu un plan ultra-rapide pour Haïti. L’Europe est en train de payer sa prudence, son confort intellectuel, son refus de prendre des risques. C’est dommage.
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité