Exposé à un écran le matin avant l’école, un enfant de 3,5 à 6,5 ans sera trois fois plus à risque de développer un trouble primaire du langage, selon une étude publiée aujourd'hui dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » de Santé publique France.
Si ce même enfant discute rarement, ou jamais, du contenu des écrans avec ses parents, le risque est alors six fois plus élevé que pour un enfant qui ne répond à aucun de ces deux critères.
Ces données viennent « conforter les données de la littérature sur l’association entre les troubles primaires du langage et l’exposition aux écrans », soulignent les auteurs.
L’exposition à un écran avant deux ans concerne 83,3 % des enfants
Pour parvenir à ces résultats, l’équipe de chercheurs de l’Université de Rennes s’est penchée sur le quotidien de 167 enfants diagnostiqués avec des troubles du langage et de 109 enfants témoins, sans troubles du langage. Ces enfants, nés entre 2010 et 2012, âgés de 3,5 à 6,5 ans au moment de l’étude en 2016 et recrutés en Ille-et-Vilaine via des médecins généralistes et des orthophonistes, fréquentaient tous l’école maternelle ou primaire. L'analyse s'est basée sur les données des questionnaires remis aux parents.
Dans les deux groupes confondus, 94,2 % des enfants avaient accès à la télévision, 53,5 % à une tablette, 32,4 % à un ordinateur, 34,9 % à une console de jeux et 30,2 % à un smartphone. Leur première exposition à un écran a eu lieu en moyenne à 15,7 mois et 83,3 % des enfants des deux groupes avaient été exposés avant leurs deux ans.
L’exposition à un écran avant l’école est un facteur de risque
Une minorité des enfants des deux groupes (5,1 %) avaient la télévision dans leur chambre. Ils étaient par ailleurs 15 % à avoir leur propre console de jeux, 16,1 % leur propre tablette et 0,7 % avaient un ordinateur dans leur chambre.
Ainsi, au cours d’une semaine scolaire classique, 44,3 % des enfants avec troubles du langage et 22 % des témoins étaient exposés aux écrans le matin avant l’école et y passaient en moyenne 20 minutes. Les premiers passaient en moyenne 87,7 minutes par jour devant un écran, tandis que les seconds n’y restaient que 55,7 minutes par jour en moyenne. Dans les deux groupes, les enfants étaient seuls face à un écran durant 40 % du temps d’exposition.
Autre constat de cette étude, dans 31,5 % des enfants avec troubles du langage et pour 14,8 % des témoins, les parents ne discutent que rarement ou jamais du contenu des écrans. La télévision restait par ailleurs allumée « en fond sonore » dans 44,8 % des familles des cas et dans 25 % des familles des témoins.
Une nécessaire discussion entre parents et enfants sur le contenu
« L'exposition aux écrans le matin avant l’école est statistiquement liée aux troubles primaires du langage », notent les auteurs d'après un modèle de régression logistique. Plus que le temps passé devant l'écran, c'est bien le moment de l'exposition qui impacte les enfants. « L'exposition aux écrans dès le matin épuise l'attention de l'enfant, qui se retrouve moins apte aux apprentissages pour le reste de la journée », poursuivent-ils.
De plus, l’analyse a déterminé d'autres variables indépendantes sur le risque de troubles primaires du langage. Il en ressort que « le fait de rarement, voire de ne jamais discuter du contenu des écrans avec les enfants était lié de manière statistiquement significative aux troubles primaires du langage », révèlent les auteurs.
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