ON NOUS REPROCHERA peut-être de ne pas partager, avec beaucoup de nos confrères, l’analyse sereine qu’ils font de l’évolution du FN, comme s’il s’agissait un parti classique. Il ne l’est pas. Se hisserait-il au pouvoir qu’il réduirait nos libertés, se concentrerait sur la persécution des immigrés ou de leurs descendants, cultiverait les peurs nationales, engagerait, de surcroît, un programme inapplicable fondé sur l’autarcie et le retrait de la France de l’Union européenne, sans qu’il nous ait jamais prouvé qu’il rétablirait l’équilibre de nos comptes sinon par le renoncement au filet social. Le Front n’est pas un parti de gouvernement. C’est celui de la critique permanente dans une société dont les maux sont forcément nombreux et où les décisions du pouvoir donnent lieu, nécessairement, à des objections multiples. Marine Le Pen présidente ? Ce serait le comble de l’irresponsabilité française.
Cette prise de position ne nous empêche pas d’admettre que la stratégie mise au point par Nicolas Sarkozy n’a réussi qu’en 2007 mais que, depuis, il a fini par perdre l’audience qu’il avait obtenue d’un programme tenant compte des inquiétudes d’une partie de la population. Ce recul montre qu’on ne combat pas l’insécurité par une répression accrue mais par la prévention et la reconstruction des cités, pas par la stigmatisation des « étrangers » ou des minorités, mais par l’intégration. Ce n’est pas parce que l’assimiliation a échoué (encore qu’elle produise des citoyens très respectables) qu’elle doit être abandonnée. Ce n’est pas parce que des gosses sifflent la Marseillaise que la partie est perdue. Ce n’est pas parce que des voyous font régner la terreur dans les quartiers et attaquent les policiers avec une incroyable audace qu’il ne faut pas riposter par un savant dosage de force et d’éducation.
Dans un récent discours, M. Sarkozy semble avoir fait amende honorable lorsqu’il a cité un sondage publié par « Le Monde » selon lequel beaucoup de Français qui votent UMP sont séduits par les « idées » du Front national. On n’a pas besoin de rejoindre les rangs de l’extrême droite pour s’élever contre des comportements ou d’inexcusables exactions. Cependant, pour que les Français combattent l’insécurité, il faut d’abord qu’ils puissent s’exprimer sans être menacés par le politiquement correct ou par un procès semblable à celui qui a été intenté à un journaliste, certes provocateur, mais qui s’est contenté d’apporter un constat des faits : la délinquance est plus répandue dans les minorités qu’ailleurs. Le dire, ce n’est pas en conclure qu’il faut éliminer les trublions ; c’est seulement engager le débat sur les racines sociales des maladies actuelles de la société.
LA DROITE CLASSIQUE DOIT RÉAFFIRMER AVEC FORCE SA CONFIANCE DANS L’INTÉGRATION
Le « charme » de Marine Le Pen et l’impéritie supposée du pouvoir ne sont d’ailleurs pour rien dans la progression du FN dans les sondages. C’est un phénomène européen alarmant qu’on ne peut pas mettre sous le boisseau, qui exige franches explications, reconnaissance objective des dangers, recherche de remèdes plus subtils que des mesures sévères et générales : elles auraient surtout pour conséquence de brimer des minorités laborieuses qui se battent pour survivre et respectent la république. On ne dit pas assez que pour un revendeur de drogue il y a probablement neuf personnes qui assurent la vie quotidienne des Français par un travail parfois pénible, toujours discret et le plus souvent mal payé. On ne dit pas assez que s’il y a des citoyens issus des minorités qui réussissent, cela signifie que n’importe quelle personne d’origine maghrébine ou africaine peut s’en sortir. Si M. Sarkozy entend se présenter de nouveau, il ferait bien d’adopter ce discours, de réaffirmer la confiance que lui inspirent les méthodes d’intégration des minorités et de promettre qu’il va les renforcer. Si, comme il l’a fait en 2007, il se contente d’entretenir la peur de l’autre, ce qui ne lui a valu qu’un succès éphémère, cette fois la méthode échouera.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque