LA GUERRE de Sécession qui a duré de 1861 à 1865, a permis la restauration de l’Union dont l’existence était en question, et la libération de 4 millions d’esclaves. Plus de 3 millions de soldats et marins y ont combattu. 620 000 d’entre eux ont péri et presqu’autant ont été blessés mais ont survécu.
Et c’est la maladie, particulièrement répandue au début du conflit, le résultat d’une hygiène défectueuse, d’une alimentation inadéquate, de l’entassement dans les camps et du manque d’expérience des troupes, qui a été la cause principale des décès, indique le site du musée national de la santé et de la médecine (NMHM ) dans le Maryland. En effet, la fièvre jaune, la variole, le paludisme, les maladies diarrhéiques et les maladies de l’enfance affectant des individus qui n’y avaient pas encore été exposés, précise le site de la Bibliothèque nationale de médecine, ont fait plus de 400 000 victimes en 4 ans et ont donc tué deux fois plus de combattants que ne l’ont fait les blessures de guerre.
Très rapidement, en réaction à cette situation catastrophique, des groupes de citoyens se sont organisés. La commission sanitaire des États-Unis a été créée en juin 1861, et avec d’autres groupes semblables, a fait pression sur l’armée pour améliorer les conditions de vie des troupes. Ces organisations ont envoyé des médecins et des infirmiers et ont participé au financement des soins des malades et des blessés, notamment dans le cadre de trains et de navires hôpitaux.
Formation des médecins.
Les modalités de l’intervention médicale sur le lieu du combat ont également dû être repensées, particulièrement après la bataille très sanglante d’Antietam, en septembre 1862, au cours de laquelle 23 000 hommes ont été tués, ont disparu ou ont été blessés, en une seule journée.
George Wunderlich, directeur exécutif du musée national de médecine de la guerre de Sécession, dans le Maryland, déclare au « Quotidien » : « L’organisation sanitaire mise en place pendant la guerre de Sécession, à partir de la fin 1862, définit ce qu’est aujourd’hui la médecine moderne sur le champ de bataille, le système d’évacuation et d’hôpitaux de campagne, d’ambulances et d’approvisionnement. (...) Cela a été le début du concept d’équipe sanitaire. »
La guerre de Sécession a aussi affecté la formation des médecins américains. Contrairement à ce qui se passait à Paris à l’époque « où les étudiants en médecine étaient exposés à de nombreux malades, explique George Wunderlich, avant la guerre, la formation médicale américaine s’effectuait soit en devenant apprenti d’un praticien, ce qui donnait accès à un nombre restreint de patients, soit en suivant deux années de cours pendant lesquelles voir un patient était une possibilité mais pas une certitude pour le futur médecin. »
La guerre va donc, pour la première fois, donner une expérience pratique aux jeunes médecins. Ils se voient, en effet, confrontés à plus de traumatismes en une journée, qu’il n’en aurait vu auparavant en une année entière. Le nombre important de patients avec des conditions semblables va conduire aussi à la spécialisation médicale et à la création d’hôpitaux.
Par exemple, explique au « Quotidien » Alan Hawk, directeur des collections historiques au NMHM : « le Dr Gurdon Buck a procédé alors à une chirurgie réparatrice du visage sur 32 patients et a développé des techniques qui sont toujours utilisées. L’hôpital Turner’s Lane à Philadelphie s’est consacré aux désordres neurologiques et on y a identifié et documenté plusieurs pathologies (...) dont le syndrome du membre fantôme. L’hôpital Desmarres à Chicago s’est spécialisé dans les maladies de l’œil. »
La guerre civile américaine a aussi été l’occasion d’une collection systématique de specimens, et, d’observations rassemblées dans un livre intitulé « The medical and surgical history of the war of the rebellion (1861-1865) », dans le but d’éduquer les générations futures de praticiens.
Enfin le conflit, par nécessité, a commencé à entrouvrir le corps sanitaire américain aux médecins afroaméricains, jusque-là exclus.
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