« LA MENACE religieuse pèse sur l’hôpital, selon des cris d’alarme que nous entendons ; les relations entre cultes et entre les cultes et les équipes et administrations hospitalières se tendent parfois. » Le constat est dressé par la sous-directrice des ressources humaines du système de santé au ministère de la Santé, Michèle Lenoir-Salfati. De fait, ces derniers mois, la pression est parfois montée. La première journée organisée par l’AP-HP sur le thème « Quelle place pour les aumôniers à l’hôpital ?», censée désamorcer la crise, a été boycottée par les représentants catholiques, qui voulaient « tirer un coup de semonce » au sujet de l’attribution des postes d’aumôniers salariés et des locaux pour les cultes (« le Quotidien » du 18 avril 2011). Lors de leur réunion, le 10 janvier, avec François Fillon et cinq membres du gouvernement (intérieur, santé ...), les responsables de l’Église catholique avaient d’ailleurs inscrit la question de l’aumônerie hospitalière en tête de l’ordre du jour.
À l’AP-HP, on reconnaît que le sujet, après un statu quo de plusieurs décennies, est devenu « prégnant » ces cinq dernières années. La laïcité hospitalière tente, parfois abruptement, de s’adapter à la diversité religieuse. La charte nationale élaborée sous l’égide de la DGOS (direction générale de l’offre de soins), en concertation avec les quatre aumôniers nationaux des cultes catholique, protestant, juif et musulman, trace les contours d’une nouvelle laïcité (« Le Quotidien » du 4 novembre 2011). La question d’un rééquilibrage entre les postes d’aumôniers est posée en filigrane, comme le reconnaît Marjorie Obadia (affaires juridiques de l’AP-HP). D’où le chantier engagé avenue Victoria, pour appliquer les dispositions de la nouvelle charte. « La première étape de notre travail, explique Boumedienne Medini (direction droits des patients), vise à dresser un état des lieux concernant les référents administratifs au sein des établissements et leurs missions. » 36 des 37 référents sont déjà en fonction depuis plusieurs années. Pour les aumôniers, la réflexion en cours vise à les intégrer dans la communauté hospitalière comme des agents à part entière. Certains d’entre eux participent même au staff dans les services. Les programmes de formation continue leur sont ouverts. Ces personnels statutaires, le plus souvent recrutés avec des CDD de trois ans renouvelables, participent à un service d’aumônerie pluriel et intégré, où « les différents cultes, précise Mme Lenoir-Salfati, portent ensemble des projets propres à traditions. Il n’est pas question qu’ils fusionnent, mais qu’ils coopèrent sur des valeurs et une éthique au service des patients et de la communauté hospitalière. »
Nouvelle donne.
L’aumônerie interreligieuse qui fonctionne à l’hôpital Avicenne de Bobigny est citée en modèle pour cette nouvelle donne de la laïcité. S’agissant des lieux de culte, l’AP a recensé 17 chapelles et 15 oratoires, tous dévolus à la religion catholique. Répondant aux inquiétudes exprimées par l’archevêché de Paris, « il n’est pas question de les transformer en lieux multiconfessionnels, assure M. Medini. Seuls deux hôpitaux disposent aujourd’hui de tels locaux, l’un pour des raisons historiques (Avicenne), l’autre parce qu’il s’agit d’une création récente (Bretonneau). À ce jour, aucune demande d’un site spécifique pour leur culte n’a été exprimée par l’aumônier national musulman, Abdelhaq Nabaoui, ou par l’aumônier général israélite, Mickaël Journo. Toute décision sera prise en concertation avec l’ensemble des acteurs », promet encore M. Medini, qui constate que certaines situations ont pu être conflictuelles, mais que les faits religieux dans leur très large spectre (régime alimentaire, rites funéraires, etc.) font l’objet d’un dialogue constructif et apaisé. Aucun incident n’aurait été déploré ces trois dernières années. Officiellement, à l’AP-HP, l’hôpital vit au mieux sa relation avec la diversité cultuelle. Après les incompréhensions exprimées notamment sur les effectifs salariés d’aumôniers (lire encadré), la consigne est à la dédramatisation.
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