Une étude présentée lors du séminaire de recherche de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS) qui se tient aujourd’hui et jusqu’à demain, montre que près de 60 % des personnes qui ignorent leur séropositivité en France ont un taux de CD4/mm3 qui justifierait une mise sous traitement immédiate. Le nombre de ceux qui ne se savent pas séropositifs est estimé à 30 000.
Pour connaître l’épidémie cachée de l’infection par le VIH en France, Virginie Supervie et coll. (Unité INSERM 943, dirigée par Dominique Costagliola) ont réalisé une étude en s’aidant d’une méthode de modélisation dite de rétrocalcul, à partir des données sur l’incidence et l’histoire naturelle de l’infection. Ce qui a permis d’estimer le nombre des personnes ignorant leur séropositivité pour le VIH à la fin de l’année 2010, de préciser leur profil et celui de leur infection.
Les résultats montrent que sur les 150 000 personnes infectées par le VIH en France, environ 20 % ignorent leur état sérologique. Parmi ces dernières, 59 % ont des CD4 inférieurs à 500/mm3. « En d’autres termes, près de 6 personnes sur 10 au sein de l’épidémie cachée devraient dès à présent recevoir un traitement contre le VIH. » L’étude révèle aussi que 20 % d’entre eux ont des taux de CD4 inférieurs à 200/mm3.
Des CD4 inférieurs à 200/mm3
Par ailleurs, dans près de 30 % des cas, l’infection est récente, datant d’un an au maximum. Et dans 16 % des cas, l’infection a été contractée il y a plus de 5 ans.
La prévalence des personnes ignorant leur infection est beaucoup plus élevée parmi les hommes homosexuels (288 pour 10 000) que dans les autres groupes : les usagers de drogues par voie intraveineuse (62 pour 10 000), les hétérosexuels nés à l’étranger (36 pour 10 000) ou les hétérosexuels nés en France (3 pour 10 000).
Globalement, cette épidémie cachée concerne des hommes dans les deux tiers des cas. L’étude révèle donc la « perte de chance pour une grande partie des personnes » qui ignorent leur statut sérologique, « en particulier les 19 % d’entre elles qui ont moins de 200 CD4/mm3 ».
Le fort taux de personnes infectées récemment montre l’urgence à réduire le délai entre la contamination et le diagnostic. Et l’intérêt de favoriser le dépistage dans la population. La mise à disposition des autotests s’inscrit d’ailleurs favorablement dans cette nécessité.
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