Le développement des tests rapides de dépistage du VIH facilite la réalisation d’opération « hors les murs » auprès des publics éclectiques qui se livrent à des pratiques sexuelles souvent à risque dans la clandestinité d’un bois ou d’un parking. À l’aide d’un discret camping-car parcourant plusieurs « coins chauds » franciliens, les membres de l’association HF Prévention ont choisi d’aller à la rencontre de ces « populations invisibles » pour proposer cet efficace dépistage de terrain.
« L’apparition des tests rapides depuis quelques années a profondément modifié le sens du dépistage », souligne le Pr Alain Sober, immunologiste clinicien à l’Hôtel-Dieu (Paris) et président du CoreVIH Île-de-France Sud. « L’occasion, l’immédiateté, la disponibilité sur les lieux de rencontres s’avèrent des éléments extrêmement importants pour toucher ce public souvent inaccessible », ajoute-t-il.
Lieux de rencontre extérieurs
Depuis 2008, le nombre de découvertes de séropositivité en France reste stable, avec plus de 6 000 cas recensés chaque année. Après une diminution significative entre 2004 et 2007, cette actuelle stagnation pose la question de l’efficacité du ciblage des actions de prévention. En particulier auprès des populations dites « invisibles » dont la sexualité se réalise dans la clandestinité des lieux de rencontre extérieurs (dits LRE) – parking, forêts, aires d’autoroutes – où les comportements à risque sont légions (rapports sexuels non protégés, consommation de substances psychostimulantes, abus d’alcool durant l’acte sexuel…). Parmi ces personnes, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH) demeurent les plus sujets aux nouvelles contaminations depuis 10 ans en France et en Europe. « C’est une catégorie à part car il ne s’agit pas vraiment de personnes homosexuelles assumées. Ce sont d’abord des pères de famille qui consomment du sexe avec d’autres hommes sur des lieux de dragues, qui vivent cette part de leur sexualité de manière cachée et ne vont pas spontanément appeler Sida Info Service ou parler à leur médecin traitant de leur problème », souligne Jérôme André, président de l’association HF Prévention. Œuvrant essentiellement dans l’ouest de l’Île-de-France, les membres de l’association sillonnent en camping-car les lieux de rencontres connus des Yvelines et du Val-d’Oise pour aller au-devant de ces « invisibles », HSH (dans 80 % des cas), gays, bisexuels, trans, échangistes, clients de la prostitution hétérosexuelle ou travailleurs du sexe « assumés ou non ».
Ne pas moraliser les comportements
Lors de leurs maraudes dans des lieux de rencontres extérieurs bien connus de la région, les membres de l’association n’hésitent pas à quitter leur camping-car pour se rendre en binôme dans les sous-bois ou les parkings à la rencontre de ces « ombres fugaces ». Le but : mener des entretiens et libérer la parole d’individus « qui ne sont pas vraiment là pour ça ». Des entretiens plus longs peuvent se dérouler dans le camping-car, situé un peu l’écart du lieu de rencontre. « Notre mission n’est pas de moraliser les comportements, mais que les gens se protègent », indique le président d’HF Prévention qui propose dans son camping-car la réalisation de tests rapides d’orientation au dépistage VIH (TROD), en complément des actions de prévention classiques (distributions de kits de préservatifs, de documentation…).
621 personnes testées
En 2012, HF Prévention a analysé les résultats de ce dépistage de terrain par TROD dans les Yvelines et le Val-d’Oise. « Sur 621 personnes testées, 16 ont découvert leur séropositivité (soit 2,57 % des dépistages), 51 % n’avaient jamais fait de test pour les maladies sexuelles transmissibles et 70 % ne connaissaient pas leur statut sérologique », résume l’association qui a à ce jour réalisé plus de 1 000 tests rapides sur le terrain. En cas de TROD positif, seules 5 % des personnes ont refusé une orientation pour un dépistage complet auprès d’un centre de dépistage (CDAG). Alors que le Conseil national du sida (CNS) s’est pour la première fois prononcé en faveur des autotests en mars dernier, l’association HF Prévention n’a pas vraiment l’intention de l’intégrer prochainement dans ses actions de dépistage. « Un homme marié ne va pas ramener d’autotest chez lui, autant le faire sur place avec un TROD », considère Jérôme André.
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité