SEPTIÈME ministre dans l’ordre protocolaire, Xavier Bertrand, dont on dit l’ambition illimitée, aurait aimé être encore plus haut dans la liste de la nouvelle équipe Fillon. Il n’empêche. Après avoir dirigé le parti présidentiel, Xavier Bertrand, 45 ans, fait un retour spectaculaire au gouvernement en héritant d’un portefeuille élargi, ministère stratégique de la fin du quinquennat Sarkozy. Outre l’Emploi – qui était dans le giron de Bercy –, il pilotera le Travail et la Santé, un champ gigantesque... et miné. Mais Xavier Bertrand, qui se targue de ne dormir que 4 heures par nuit, a lui-même réclamé ce périmètre. Pour diriger son cabinet, il a choisi Marguerite Bérard, une jeune énarque qui était jusqu’à présent l’adjointe de Raymond Soubie, le conseiller social de l’Elysée. A la Santé, il sera secondé par Nora Berra qui a été préférée in extremis à Jean Leonetti, député UMP des Alpes-Maritimes. Et qui devra trouver sa place...
Car Xavier Bertrand ne laisse guère d’espace. Ni énarque, ni-parisien, l’homme s’est construit en quelques années une solide réputation de « démineur » en chef des dossiers explosifs. Jeune député protégé d’Alain Juppé, l’ancien agent d’assurances s’était illustré dès 2003 en « vendant » la réformes des retraites sur le terrain. Un an plus tard, rebelote. Secrétaire d’État à l’assurance-maladie rattaché à Philippe Douste-Blazy, il avait gagné son surnom de « mécano » de la réforme de la Sécu, se chargeant du « service après vote », au point d’éclipser son ministre de tutelle dont il avait pris la succession. Au ministère de la Santé et des Solidarités (juin 2005-mars 2007), la méthode Bertrand, entre fermeté et pédagogie, avait plutôt bien fonctionné. Il avait fait passer l’interdiction du tabac dans les lieux publics et soigné ses relations avec les médecins libéraux, allant jusqu’à tisser des liens amicaux avec certains leaders. Il avait pris position pour le droit des généralistes à la cotation CS et lancé la procédure de qualification de spécialiste en médecine générale.
Opération réconciliation.
Depuis 2007, sa carrière est intimement liée à Nicolas Sarkozy qui en avait fait son porte-parole de campagne présidentielle puis, une fois élu à l’Élysée, son ministre du Travail et des Relations sociales, encore une fois un poste exposé avec la refonte des régimes spéciaux de retraite ou encore le service minimum dans les transports. Parfois qualifié de « chouchou » du président, il avait quitté le gouvernement en janvier 2009 pour se consacrer à l’UMP, un terrain sur lequel il aura moins de réussite (dissensions au sein de la majorité, victoire de la gauche aux régionales, rivalité avec Jean-François Copé...).
À l’heure où l’exécutif cherche à se réconcilier avec les médecins libéraux, la nomination de Xavier Bertrand à la Santé est un signal d’ouverture. La CSMF notamment a fait campagne à l’Élysée pour son retour et l’avait invité à son Université d’été en septembre (contrairement à Roselyne Bachelot). Un récent sondage auprès des médecins libéraux plaçait aussi Xavier Bertrand en première place des noms souhaités pour le poste de ministre de la Santé. Ces messages ont été entendus. Dans sa première déclaration, Xavier Bertrand a mis l’accent sur l’« attention » que le gouvernement entendait porter à la médecine de proximité dont il faudra « moderniser, simplifier et faciliter les conditions d’exercice ».
Pour autant, sa tâche à la Santé sera délicate. Politiquement, il n’est pas question pour Xavier Bertrand de renier la loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires (HPST), une réforme « gigantesque » et qui doit être « conduite jusqu’à son terme », a-t-il martelé. Enfin, dans la nouvelle configuration gouvernementale, il lui faudra composer avec Bercy et le ministère des Comptes publics pour les grands arbitrages engageant la Sécurité sociale.
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