L A Haute Cour de Pretoria, en Afrique du Sud, examine actuellement la plainte de 39 sociétés pharmaceutiques contre une loi promulguée en 1997, mais non encore appliquée, permettant l'accès à des médicaments à bas prix. Le procès doit durer jusqu'au milieu de la semaine prochaine et le jugement sera vraisemblablement mis en délibéré pour plusieurs mois.
Pour les laboratoires, qui ont lancé cette action en 1998, la loi de 1997 viole les règles commerciales mondiales de propriété intellectuelle, en ouvrant la voie aux importations parallèles et à la production locale de substituts génériques. Ils font valoir aussi qu'elle est contraire à la Constitution sud-africaine. Ils affirment « soutenir une politique de médicaments bon marché », mais pas n'importe quelle mesure pour y parvenir et accusent le gouvernement de les considérer comme « leur ennemi », au lieu de rechercher un partenariat et un accord raisonnable sur les prix. Selon la représentante de l'association des industries pharmaceutiques d'Afrique du sud, qui est l'un des plaignants, le gouvernement sud-africain a refusé de récentes offres de médicaments anti-SIDA à prix réduits.
De leur côté, les ONG bataillent pour que les laboratoires retirent leur plainte. Elles se retrouvent pour une fois aux côtés du gouvernement sud-africain, souvent critiqué pour son manque d'efficacité dans la lutte contre le SIDA, alors que le pays est l'un des plus touchés au monde, avec 4,2 millions de séropositifs à la fin de 1999, soit 10 % de la population.
Pour l'Afrique du Sud comme pour les organisations humanitaires, les réductions proposées par les laboratoires ne sont pas suffisantes, compte tenu des budgets disponibles dans la plupart des pays très touchés par l'infection à VIH. C'est pourquoi ce procès est considéré comme très important pour l'avenir de la lutte anti-SIDA. Mais « Il serait naïf de penser que la baisse des prix des médicaments suffira à elle seule », comme l'a rappelé tout récemment le Dr Gro Harlem Brundtland, directeur général de l'OMS, en ajoutant que les ressources supplémentaires pour prendre en charge le coût des soins aux plus pauvres devait « pour la plus grande part provenir d'un accroissement de l'aide au développement et de l'allégement de la dette ».
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