E N France, les chiffres sont éloquents et montrent à eux seuls la nécessité des actions. Environ cinq millions de personnes ont des difficultés avec l'alcool, dont deux millions sont alcoolodépendantes. Chaque an, 35 000 décès sont directement imputables à l'alcool, dont 23 400 par alcoolisme chronique (chiffres de 1994). « Ce thème a été reconnu par la Conférence nationale de santé publique en 1996, puis par de nombreuses conférences régionales. Dix-neuf des vingt-deux régions ont inclus l'alcool ou les addictions dans les priorités de leurs programmes », indique le Pr François Paille (secrétaire général de la Société française d'alcoologie, Nancy).
Un consensus sur le sevrage en 1999
Une première conférence de consensus a eu lieu en 1999, pour convenir des modalités de sevrage appropriées de l'alcoolodépendance.
« L'accompagnement des patients après sevrage reste difficile. Les malades ne constituent pas une population homogène. Pour adapter une stratégie adéquate, il faut tenir compte de la trajectoire des patients, de l'environnement social, des antécédents psychiatriques, des addictions associées », observe le Pr Paille.
Par ailleurs, si la prise en charge médicamenteuse est bien précisée, les méthodes non médicamenteuses ne font pas toujours l'objet de travaux précis permettant de définir leur place dans l'accompagnement.
L'enjeu : retrouver une bonne qualité de vie
« Il est nécessaire d'élaborer des critères d'évaluation portant non seulement sur la non-consommation d'alcool, mais aussi sur le retentissement psychologique, social et sur la qualité de vie après sevrage », souligne le Pr F. Paille.
La conférence de consensus va avoir pour objectifs de préciser les modalités de l'accompagnement, d'intégrer cet accompagnement dans une approche globale et de trouver des éléments d'évaluation des résultats.
L'enjeu est d'aider les patients à retrouver une bonne qualité de vie. Il existe quatre difficultés, explique le Pr Paille. La première est liée à la multiplicité des intervenants, la deuxième est associée à l'abondance de la littérature, la troisième tient aux multiplicités des trajectoires des patients et la dernière est méthodologique (critères d'évaluation des résultats en alcoologie). Le consensus devrait aider à les surmonter.
Une conférence de consensus organisée avec le concours de l'ANAES.
Cinq questions
Au cours de la conférence de consensus, cinq questions seront soumises aux experts.
1. Quels sont les acteurs et les moyens de l'accompagnement ?
Le soutien psychologique ; la psychanalyse et les psychothérapies d'inspiration analytique ; les thérapies cognitives et comportementales ; les groupes de parole et les autres thérapies de groupe ; les ateliers thérapeutiques ; les moyens médicamenteux ; les moyens socio-éducatifs ; les mouvements d'entraide ; l'accompagnement de l'entourage.
2. Comment organiser l'accompagnement (y compris lieu, modalités et durée) ?
La place des médecins libéraux ; le dispositif ambulatoire spécialisé en alcoologie ; l'hospitalisation (temps plein et hospitalisation de jour) et les soins de suite et de réadaptation ; l'équipe de liaison ; les réseaux et les liens avec les autres addictions ; la réinsertion socio-professionnelle .
3. Comment gérer les compensations, les transferts de dépendance et les associations d'autres substances psycho-actives (usage nocif ou usage avec dépendance) ?
Le tabac ; les médicaments ; les substances illicites et les produits de substitution ; les compensations alimentaires.
4. Quelle attitude adopter en cas d'association à d'autres troubles ?
Troubles psychiatriques ; troubles somatiques ; problèmes posés par la grande exclusion.
5. Comment évaluer l'accompagnement du sujet alcoolodépendant sevré ?
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