Un appel des professionnels de la réadaptation

Améliorer le parcours du patient handicapé

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Publié le 18/10/2018
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handicape readaptation

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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

« Non, ce n’est pas parce que les patients sont handicapés qu’ils doivent cumuler les problèmes de santé et rencontrer des obstacles quand ils cherchent à se soigner. »

En marge d’un colloque destiné aux spécialistes de médecine physique et de réadaptation, (MPR), le Dr Emmanuelle Chaleat-Valayer (MPR, chef de service à la Croix-Rouge française au CMCR des Massues), le Dr Philippe Denormandie (chirurgien spécialisé dans la neuro-orthopédie, praticien Hospitalier à l’Hôpital Raymond-Poincaré de Garches) et le Pr Pierre Denys (MPR, chef de pôle et chef de service à l’Hôpital Raymond-Poincaré de Garches) ont insisté sur les difficultés rencontrées par les patients handicapés tout au long de leur parcours de soins. Composé d’un volet sanitaire et d’un volet médico-social, celui-ci se révèle particulièrement complexe et gagnerait en optimisation par la présence d’un « chef d’orchestre ».

Manque de coordination

« Gestion difficile entre prévention et complications, nécessité d’un accompagnement sur le long terme : alors que notre système permet de soigner le patient au moment de la crise ou après un accident grave, la multiplicité des professionnels de santé rencontrés et la prise en charge fractionnée pèsent sur le parcours des patients handicapés, précise le Pr Pierre Denys. Au regard de ce que nous proposons depuis plusieurs années à l’Hôpital Raymond-Poincaré, il nous semble évident que la MPR doit avoir toute sa place à leurs côtés. » « Être dans une approche globale du soin fait partie de l’ADN initial de la MPR, complète le Dr Emmanuelle Chaleat-Valayer. Dans le cas des enfants handicapés, cette vision globale est d’autant plus indispensable que certaines lésions, faute de traitement à un instant  t, se révéleront absolument irréversibles. »

Volonté politique

« S’accorder sur les bonnes mesures à mettre en place est d’autant plus difficile que nous manquons cruellement d’indicateurs et de chiffres précis sur l’accompagnement des patients handicapés », ajoute le Dr Philippe Denormandie. En outre, si de nombreuses associations se sont mobilisées en faveur de l’accès aux soins des personnes exclues, la santé des personnes handicapées ne semble pas être une priorité. « Or, dans notre pays, on sait bien que les actions menées par les associations de patients sont indispensables pour faire bouger les lignes », ajoute-t-il. Comment changer le regard sur la santé des patients handicapés ? Comment interpeller efficacement pour qu’une volonté politique vienne consolider le travail mené efficacement sur le terrain ? « Il est d’autant plus urgent de se saisir collectivement de ce sujet que sa résolution sera bénéfique pour le système de santé dans son ensemble », conclut le Dr Denormandie.

 

Anne-Lucie Acar

Source : Le Quotidien du médecin: 9695