Anorexie et boulimie : une protéine bactérienne serait en cause

Publié le 07/10/2014

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Des chercheurs de l’Inserm (U 1073) ont identifié une protéine qui s'avère être le sosie de l'hormone de la satiété (mélanotropine) et jouerait un rôle clé dans les troubles du comportement alimentaire comme l’anorexie ou la boulimie. Cette protéine (ClpB) est fabriquée par certaines bactéries telles qu'Escherichia Coli présentes naturellement dans la flore intestinale. En présence de la protéine, des anticorps sont produits par l'organisme et dirigés contre celle-ci. Ils vont aussi se lier à l'hormone de la satiété du fait de son homologie de structure et donc modifier l'effet satiétogène de l'hormone. La sensation de satiété est alors atteinte (anorexie) ou n'est plus atteinte (boulimie - hyperphagie). Par ailleurs, la protéine bactérienne apparait elle-même avoir des propriétés anorexigènes.

L’implication probable de cette protéine bactérienne dans les troubles du comportement alimentaire (TCA) chez l’homme a été établie grâce à l’analyse des données de 60 patients anorexiques ou boulimiques. Une échelle standardisée a permis le diagnostic des patients et l’évaluation de la sévérité de leurs troubles à partir d’un questionnaire sur leurs comportements et émotions. Il apparaît que les taux plasmatiques d’anticorps dirigés contre ClpB et la mélanotropine sont plus élevés chez ces patients. De plus, leur réponse immunologique va déterminer le développement des troubles alimentaires à type d’anorexie ou de boulimie.

Ces données valident ainsi l’implication de la protéine bactérienne dans la régulation de l’appétit et ouvrent de nouvelles perspectives de diagnostic et de traitement spécifique des troubles du comportement alimentaire. Ainsi les chercheurs travaillent sur le développement d’un test sanguin basé sur la détection de la protéine bactérienne (CplB). Il permettrait la mise en place de thérapies spécifiques des TCA. Ils essaient aussi de neutraliser l’action de la protéine bactérienne pour empêcher la dérégulation de la prise alimentaire qu’elle engendre.

Dr Alain Dorra

Source : lequotidiendumedecin.fr