Quand ça tourne mal

Anticiper pour mieux communiquer

Publié le 27/11/2017

Du fait de sa rareté (0,69/100 000 anesthésies, 1), l'accident d’anesthésie prend les professionnels au dépourvu. Faute d’anticipation, la communication avec la famille, les professionnels et le public est souvent inappropriée.

Désigner un leader

Pendant l’accident, structurer la communication augmente les chances de récupération. Les aides cognitives aident à activer les connaissances en situation de stress, si on respecte quelques règles, dont la désignation d’un leader (2).

En cas de décès du patient, ce leader soutient l’équipe médicochirurgicale, prépare les investigations et la communication avec la famille, les professionnels, la direction et les intervenants extérieurs.

Un debriefing préparatoire

La communication à chaud associe médecins anesthésistes-réanimateurs (MAR) et opérateurs suivant des règles préétablies. Le leader est un MAR reconnu par ses pairs, formé à cet exercice, dans un lieu accueillant, à l’abri de toute interruption. Il mène un débriefing pour collecter l’information, comprendre les discordances entre les participants et les incertitudes sur le mécanisme de l’accident, préparer l’information de la famille.

Avec la famille ou les professionnels, s’impose une attitude empathique d’écoute active, incluant le MAR qui était en charge du patient.

Suivi de l'institution

Le suivi impose un plan de communication institutionnelle. Il tient compte de l’environnement de l’établissement et s’appuie sur le dossier médical et les compte-rendus des entretiens et réunions, qui n’en font pas partie.

Ce plan associe la direction de l’établissement et les responsables médicaux. Il permet le lien entre la famille et les professionnels pour une réparation réciproque, notamment après la revue mortalité-morbidité (RMM) et le signalement à l’Agence régionale de santé (3).

Il vise la résilience en accompagnant l’équipe, qui est la deuxième victime. Les professionnels vulnérables sont identifiés, et accueillis avec empathie à leur retour dans l’équipe. Développer un sentiment d’appartenance partagée par l’accompagnement permet de faire face aux investigations administratives et contentieuses. Cela suppose une stratégie d’établissement élaborée préalablement (4).

Président du comité vie professionnelle (CVP) et du comité analyse et maitrise du risque (CAMR), Société française d'anesthésie et de réanimation (SFAR), Collège français des anésthésistes-réanimateurs (CFAR) et Santé du médecin anesthésiste-réanimateur au travail (SMART).
(1) Lienhart A et al. Anesthesiology 2006;105:1087–97
(2) http://sfar.org/espace-professionel/outils-professionnels/boite-a-outil…
(3) Décret n° 2016-1606 du 25 novembre 2016 relatif à la déclaration des événements indésirables graves associés à des soins et aux structures régionales d'appui à la qualité des soins et à la sécurité des patients. JORF n°0276 du 27 novembre 2016 texte n° 45
(4) http://www.cfar.org/images/stories/DOCSSmart/fichecfarsecondevictime.pdf

Pr Michel Sfez

Source : Bilan Spécialiste