MUNICIPALES 2001
L A santé intéresse-t-elle les candidats à la mairie de Paris ? La réponse doit être nuancée, mais toujours est-il que cette préoccupation n'a guère été au centre des débats de la campagne municipale et a peu alimenté la controverse. Ce qui ne veut pas dire que les candidats n'ont pas d'idées en la matière.
Philippe Séguin, dans son discours sur la santé prononcé en décembre dernier, préconisait de multiplier les réseaux ville-hôpital comme il en existe déjà pour la lutte contre le SIDA. De son côté, le Dr Serge Blisko, candidat socialiste dans le 13e arrondissement, s'est inquiété de la progression du saturnisme dans les quartiers les plus modestes de Paris.
On retrouve ce même souci de développement de la prévention chez les Verts qui dénoncent à Paris « l'air empoissonné, les immeubles plombés et amiantés, le bruit qui dépasse les normes acceptables ». Et les amis d'Yves Contassot de préconiser, eux aussi, la mise en place d'une politique de prévention qui « doit devenir une priorité ».
Des centres de santé de quartier ?
S'agissant de la médecine de ville, tous vantent ses mérites et la compétence des professionnels, même si la gauche et les Verts s'inquiètent du trop grand nombre de spécialistes par rapport aux généralistes.
Les deux listes militent pour des solutions qui ne devraient pas réjouir outre-mesure les médecins libéraux. En effet, à coté des socialistes qui veulent créer « des centres de santé de quartier » auxquelles on attribuerait « des missions de dépistage des problèmes de santé, de prévention, d'accueil, de réalisation et de suivi des soins de proximité », les Verts demandent la création de « maisons de santé », lieux de soins généraux « adaptés aux problèmes de santé de quartier » et où pourraient aussi exercer des professionnels libéraux.
Mais Paris, c'est d'abord et surtout l'Assistance publique de Paris et ses 90 000 salariés. Et, concernant l'AP-HP, chacun a son programme avec un point commun : point de restructurations sans concertation ; préservation des soins de proximité, pas d'atteinte au niveau de la qualité des soins qui est reconnue par tous, à Paris comme ailleurs.
Corriger le plan stratégique
Car, comme le disent Serge Blisko et Philippe Séguin, chacun séparément et chacun à sa manière, le rayonnement de l'AP-HP est tel qu'il attire vers le plus grand hôpital d'Europe bien des malades venus de la France entière et d'autres pays.
Si le Pr Françoise Forette, qui se présente dans le 13e arrondissement à la tête de liste d'Union de la droite, vit avec l'AP-HP, une histoire à l'évidence passionnée ( « l'AP-HP, c'est ma maison », s'enthousiasme-t-elle), elle n'en est pas moins consciente qu'il y a des aménagements à apporter, des réformes à promouvoir. « Le rôle du prochain maire de Paris sera déterminant pour l'avenir de cette institution », dit-elle et elle est prête à s'investir dans cette mission, si on le lui demande demain.
Philippe Séguin et Bertrand Delanoë sont aussi d'accord sur un point, à quelques nuances près : le plan stratégique de l'AP-HP 2001-2004 doit être corrigé, affiné, en clair, modifié. Voilà qui fera plaisir à l'actuel directeur de l'Assistance publique de Paris, Antoine Durrleman nommé par Alain Juppé pendant le second tour des élections législatives de 1997 et qui doit sans doute s'attendre à quelques turbulences au lendemain des municipales parisiennes. Car Philippe Séguin l'a promis : si je suis élu maire de Paris, a-t-il dit en substance, « je serais un président du conseil d'administration de l'Assistance publique à part entière ; j'entends peser sur son évolution ». Bertrand Delanoë n'a pas été moins ferme en la matière, en affirmant « qu'il ne serait pas un partenaire facile », pour le gouvernement, s'agissant de la gestion et de la politique de restructuration concernant l'AP-HP.
Simples propos de campagne électorales ? La politique hospitalière de Paris mérite en tout état de cause davantage que de simples promesses et de belles déclarations d'intention.
Les médecins têtes de liste à Paris
Les médecins ne sont finalement pas très nombreux à se présenter comme tête de liste dans les divers arrondissements de Paris.
Pour la gauche plurielle (PS, PC, MDC, PRG), seul le Dr Serge Blisko, généraliste dans le 13e arrondissement, déjà député et conseiller sortant de la municipalité, est candidat.
Pour l'Union de la droite RPR-UDF-DL, deux médecins sont têtes de liste : le Dr Edwige Antier, pédiatre, dans le 8e arrondissement, et le Pr Françoise Forette, chef de service à l'hôpital Broca, dans le 13e arrondissement.
Pour Ensemble pour Paris, de Jean Tiberi, deux médecins conduisent des listes : le Pr Victor Israël, cancérologue, chef de service à l'hôpital Tenon, dans le 11e arrondissement ; et le Pr Christian Cabrol, cardiologue, dans le 16e arrondissement.
Pour les « Verts », aucune tête de liste, mais on note comme colistier dans le 17e arrondissement la présence du Dr Camille Cabral, dermatologue.
Pour le Mouvement national républicain (MNR), une seule tête de liste, le Dr Bertrand Robert, généraliste, dans le 13e arrondissement.
A noter que deux autres professionnels de santé, non médecins, conduisent également des listes : le Dr Pierre Schapira, chirurgien-dentiste, pour la gauche plurielle, dans le 2e arrondissement, et pour le Mouvement national républicain, le Dr Patrick Brocard, vétérinaire, dans le 16e arrondissement.
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