À l’occasion d'une Journée sur la Santé des Femmes, Gynécologie sans Frontières appelle à une réflexion sur l'AMP (assistance médicale à la procréation) et la GPA (grossesse pour autrui) notamment pour les plus démunis.
« Les limites à l’AMP sont d’abord socio-économiques, et c’est en partie l’objet de notre Journée », indique le Dr Beddock. L’Aide Médicale d’État en effet ne prend plus en charge l’AMP de femmes étrangères. Celles-ci ont certes accès aux soins primordiaux, qui sauvent la vie, mais non à la parentalité. « Or, nous considérons que ce droit des femmes est fondamental au même titre que le traitement d’un cancer », souligne-t-il. Les limites, en France, sont aussi fixées par l’âge : la prise en charge d’une AMP n’est plus possible à 43 ans où les chances de grossesse avec ses ovocytes sont alors de moins de 1 %. Par ailleurs, les délais pour accéder à un don d’ovocytes sont particulièrement longs. Un parcours qui n’est certainement pas rodé comme celui des cliniques à l’étranger où la prise en charge « fonctionnelle » est rapide : une tentative de FIV peut y être faite dans les trois mois.
Quant à la gestation pour autrui (GPA), interdite en France, elle devient un commerce à l’étranger quand elle n’est pas encadrée, mode de survie pour certaines femmes, moyen d’enrichissement pour les cliniques qui les prennent en charge. « Gardons-nous toutefois d’un avis trop tranché, à propos de femmes dont on méconnaît les conditions de vie, qui doivent choisir entre un travail exténuant dans une usine de textile ou être enceinte au repos et dédommagée, comme en Inde », prévient le Dr Beddock. Autre préoccupation, l’état de santé des femmes revenues d’une PMA « lointaine », décidée sur des critères économiques seulement, hors réflexion médicale, à un âge où la grossesse est plus difficile et à haut risque. « Quid du risque hémorragique, d’hypertension artérielle, de complications obstétricales inédites pour ces femmes de plus de 45 ans, alors suivies dans nos maternités, possiblement enceintes de jumeaux », s’interroge-t-il. Pour elles, « la décision de transfert de deux embryons ou plus peut s’avérer une bombe à retardement médicale, avec un risque de mortalité maternelle non négligeable », insiste-t-il. Enfin, lorsqu’un enfant naît en Inde grâce à une GPA, est-il indien, « naturalisable », français ? Les règles juridiques, éthiques et médicales ne sont pas fixées, et encore moins à l’échelle internationale.
* Le 11 mars à la Maternité des Diaconesses de Paris. Inscription gratuite sur http://gynsf.org/5eme-journee-humanitaire-sur-la-sante-des-femmes-dans-…
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