Maladies chroniques, dénutrition, prévention des chutes…

Attention à l'état de santé bucco-dentaire

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Publié le 09/11/2017
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dentiste

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Crédit photo : PHANIE

« La santé bucco-dentaire n’est pas suffisamment évoquée par les médecins généralistes en consultation. Or il y a une vraie incidence de la santé bucco-dentaire sur la santé générale », souligne le Dr Christophe Lequart, porte-parole de l’Union Française pour la Santé bucco-Dentaire (UFSBD).

Chez le senior, les organes de la cavité buccale subissent particulièrement les effets du vieillissement. Ainsi, le risque carieux augmente sensiblement chez la personne âgée du fait de la diminution de la production de salive, souvent accentuée par la prise de nombreux médicaments. « Lors de l’examen clinique, si le généraliste regarde en bouche et voit des dents délabrées, des lésions carieuses, si le patient fait état de dents mobiles ou de saignements réguliers des gencives, il doit l’inciter à aller consulter un chirurgien-dentiste », indique le Dr Lequart. « Même pour les patients totalement appareillés, il faut consulter tous les ans un chirurgien-dentiste pour vérifier la bonne adaptation des prothèses au fil du temps et de la fonte osseuse », ajoute-t-il.

Agir sur les comorbidités

Au-delà de la cavité buccale, l’état dentaire peut aggraver les comorbidités les plus fréquentes qui engendrent elles-mêmes des répercussions sur l’état dentaire. « Dans le diabète, la sixième complication est la maladie parodontale avec le déchaussement dentaire », rappelle le Dr Lequart. « La parodontite d’un diabétique est aussi susceptible de déséquilibrer sa glycémie par l’intermédiaire de médiateurs de l’inflammation qui se retrouvent dans la circulation générale », explique-t-il. D’où l’importance pour le médecin généraliste d’inciter son patient diabétique à consulter un dentiste tous les semestres. Dans le champ des pathologies cardiovasculaires, 50 % des malades souffrent d’une infection parodontale, laquelle favorise les dépôts de plaques d’athérome au niveau des coronaires, augmentant alors les risques d’infarctus du myocarde. « Les dernières études ont montré une diminution du risque cardiovasculaire chez les patients se faisant contrôler et détartrer régulièrement les dents », fait remarquer le porte-parole de l’UFSBD. D’autres pathologies comme les affections dermatologiques, les pneumopathies ou les rhumatismes peuvent être d’origine dentaire ou aggravées par le biais d’infections dentaires.

Prévenir les fragilités

Une bonne santé bucco-dentaire contribue également à la prévention des chutes des personnes âgées, l’articulation de la mâchoire participant à la construction et à la préservation de l’équilibre. Des pertes de dents sans remplacement, des prothèses non ajustées ou trop usées favorisent cette instabilité et augmentent alors le risque de chute. Toujours dans une démarche de prévention des fragilités du senior, le remplacement de dents manquantes et l’entretien de prothèse dentaires sont autant d’éléments essentiels pour agir contre la dénutrition des personnes âgées. Quant aux seniors en état de dépendance, la situation reste problématique, en particulier pour les personnes vivant en institution. Une étude publiée en 2011 dans le « BEH » a mis en évidence une probabilité de recours au chirurgien-dentiste diminuée d’un quart chez les personnes institutionnalisées par rapport aux personnes vivant à domicile. Afin d‘améliorer la prise en charge de la santé bucco-dentaire dans les EHPAD, l’UFSBD a initié des actions de formation à destination des personnels encadrants. En 2017, 5 000 d’entre eux ont été formés au sein de 500 EHPAD.

David Bilhaut

Source : Le Quotidien du médecin: 9617