Théâtre

Au ciel de Nantes !

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Publié le 17/03/2022

Crédit photo : Crédit : Jean-Louis Fernandez

Comment passer du singulier au pluriel, de l'ego au collectif ? La question n'est pas nouvelle. Avec ces mots Ciel de Nantes, empruntés à Barbara, Christophe Honoré n'a pas trouvé le tempo, la clé pour évoquer les affres d'un transfuge de classe qui revient sur son passé, sa famille déchirée par la violence, broyée par l'alcoolisme et les décès prématurés. La thématique au théâtre n'est pas nouvelle. Jean-Luc Lagarce avait opté pour l'indicible dans son bouleversant Juste la fin du monde, pièce testamentaire écrite dans les années sida. Édouard Louis dans Qui a tué mon père ? jouait le rôle de procureur en adoptant un ton pamphlétaire, accusateur, politique. Le ton ici est nettement plus consensuel et relève davantage de la chronique avec ses creux et tunnels. Avec une écriture qui hésite entre théâtre et cinéma, ces voies artistiques qu’il a arpenté tout au long de sa carrière Christophe Honoré ne renouvelle pas son écriture, son style. Le recours aux chansons populaires, saillies verbales, et déplacements de genre ne provoque plus l'effet de surprise des précédents spectacles. Alors pourquoi avoir conçu ce spectacle ? Au-delà du retour sur soi et du chemin accompli, Christophe Honoré souhaitait rendre hommage à sa mère qui apparaît furtivement en vidéo à la fin de la représentation. L'émotion saisit alors le public, même les spectateurs les plus grincheux. Qui oserait lui reprocher ce moment de grâce ?

 

 

Le ciel de Nantes, un spectacle de Christophe Honoré, Odéon-Théâtre de l'Europe, jusqu'au 3 avril 2022. 


Source : lequotidiendumedecin.fr