Baccalauréat. Sommes-nous tous des salauds ?

Quelles valeurs transmettre à ses enfants ? Sur l'autel de leur réussite, sommes-nous prêts à sacrifier nos idéaux moraux ? Cristian Mungiu se méfie de toute théorie. Enfant de Ceausescu, dans ses longs plans séquence, il traque les lâchetés quotidiennes, les petits et grands compromis commis au quotidien, révélateurs de l'abandon d'un idéal, celui de la (notre) jeunesse. Tout cela est raconté à travers le portrait d'un chirurgien qui va tout perdre ou presque afin de permettre à sa fille d'obtenir une bourse d'études, sésame pour quitter la Roumanie et étudier au Royaume-Uni. Lycéenne douée, sa réussite était programmée. Seulement quelques jours avant les épreuves du baccalauréat, elle est victime d'une agression sexuelle. Et peut difficilement utiliser sa main droite blessée. Impossible alors d'obtenir la moyenne de 18 indispensable pour l'obtention de la bourse. Mais le chirurgien ne peut se résoudre à cet échec. Commence alors une descente aux enfers où seront révélés sa liaison avec une jeune patiente, son pacte luciférien traduit par l'échange d'un foie tout neuf contre une moyenne relevée au baccalauréat, (é)preuves de la corruption généralisée et de la perte de tout repère moral. Cette analyse au scalpel fait froid dans le dos. Et renvoie le spectateur à sa propre éthique. Serait-il lui aussi un salaud capable des pires turpitudes pour sa progéniture ? Où mettre les limites ? Je donnerai ma réponse une prochaine fois…

Baccalauréat, un film de Cristian Mungiu, prix de la mise en scène Cannes 2016. DVD. 20,90 euros.
Voir la bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=_mavdneEQFk