JAZZ/ROCK
Par Didier Pennequin
S OIXANTE formations représentant principalement l'élite d'une musique de jazz toute entière tournée vers la recherche, 15 créations, 17 spectacles et rencontres inédits, le tout dans 17 villes du département de la Seine-Saint-Denis : la 18e édition de Banlieues Bleues, du 2 mars au 5 avril, s'affirme comme l'un des événements majeurs de la saison 2001 des festivals de jazz.
L'un des clous de la manifestation sera, le 2 mars au Blanc-Mesnil, les retrouvailles entre quelques-uns des plus historiques représentants de la vague free jazz des années 1960 : Archie Shepp (saxophones), qui croisera le son et l'instrument avec d'anciens compagnons d'armes comme Roswell Rudd et Grachan Moncur III (trombones), Andrew Cyrille (piano) et Reggie Workman (contrebasse). Un bel hommage à une forme de jazz alors en pleine révolution. Dans la même veine, les amateurs de sonorités chaotiques et libres seront comblés par la rencontre entre le saxophoniste allemand Peter Brötzmann et William Parker (basse), le 9 mars à La Courneuve ; les mêmes en tentette dans une version germano-américaine, à Pantin, le 12 mars ; tout comme un autre tentette, celui du multi-instrumentiste et éternel chercheur Anthony Braxton, à Saint-Denis le 17 mars. Musicien aux facettes multiples, le bassiste avant-gardiste Williams Parker explorera, quant à lui, la musique relativement commerciale et soul du compositeur Curtis Mayfield, décédé en 1999 (Drancy, 13 mars).
Dinosaures et jeune prodige
Mais ce festival sera aussi l'occasion de renouer avec un jazz plus classique - américain et européen - et un authentique dinosaure : Roy Haynes. A 74 ans, le très respectable batteur, qui a joué avec toute la jet-set du jazz moderne, se produira à Nosy-le-Sec, le 20 mars, avec son quartette actuel (Don Braden, saxes ; David Kikoski, piano ; Dwayne Bruno, basse). Grand héros du jazz moderne et infatigable défricheur, le vénérable altiste Lee Konitz, 73 ans, se produira en quartette pour créer une musique toujours aussi novatrice (Saint-Ouen, 29 mars).
Après avoir promené l'été dernier une version électrique et musclée de sa musique, le jeune prodige du saxe et brillant James Carter revient avec son opus en hommage à la musique gitane, « Chasin' The Gipsy », dans un style acoustique et swingant (Noisy-le-Sec, 7 mars). La Belgique sera à l'honneur lors d'une soirée qui réunira le percutant pianiste Fred van Hove et le toujours élégant et raffiné guitariste Philip Catherine (Drancy, 10 mars), dont le dernier CD, « Blue Prince » (Dreyfus Jazz/Sony Music) est paru en fin d'année 2000. Toujours en matière de guitare, les virtuoses français du genre, Bireli Lagrène et Sylvain Luc seront aussi présents (Livry-Gargan, 24 mars).
Enfin, bon nombre de jazzmen français seront comme d'habitude au rendez-vous, tout comme les meilleurs avocats de la cause des musiques du monde, dont la programmation est essentiellement prévue pour la fin du festival.
Seine-Saint-Denis, du 2 mars au 5 avril 2000. Tél : 01.49.22.10.10.
Victoires de la musique : Salve d'Or pour M. Henri
L' UN des doyens de la variété française, Henri Salvador, mais aussi la jeune génération avec le DJ Saint-Germain et la Canadienne Isabelle Boulay ont été les principaux vainqueurs de la 16ème édition des Victoires de la Musique.
Henri Salvador, 83 ans, surnommé affectueusement « M. Henri », s'est vu, enfin, décerner deux titres prestigieux : Groupe ou artiste interprète masculin et Album de variétés, pop pour son dernier CD, « Chambre avec vue », qui fait un tabac auprès du public.
La grande surprise est venue du couronnement de Saint-Germain. Alias Ludovic Navarre, ce dernier avait déjà remporté une victoire dans la catégorie Découverte jazz, lors des Victoires de la musique classique & jazz. Saint-Germain, dont la musique très tendance est aux confins du jazz, du rock, du funk et surtout DJ avec force électronique, a été consacré dans les catégories Découverte scène et Album de musiques électroniques, techno et nouvelles tendances pour « Tourist » (EMI).
Quant à Isabelle Boulay, elle a obtenu une récompense dans les catégories Artiste découverte et Album découverte, pour « Mieux qu'ici bas ». Parmi les autres récipiendaires figurent notamment Johnny Hallyday, Patrick Bruel, Hélène Segara, Louis Attaque, Pierpoljak, sans oublier une Victoire d'honneur pour Renaud.
Jazz et récompenses
Les 8es Victoires de la musique classique et du jazz ont récompensé, dans le domaine jazz, des artistes très tendance : le jeune musicien techno jazz Saint-Germain (voir ci-dessus) ; le groupe Front Page - Bireli Lagrène (guitare), Dominique Di Piazza (basse) et Denis Chambers (batterie) plus un invité prestigieux comme John McLaughlin (guitare) - pour un CD éponyme (Emarcy/Universal Jazz), tout entier dédié au jazz fusion électrique, hyper-rythmé et binaire.
Dans un tout autre registre, les 10es Django d'Or, les véritables trophées du jazz avec ceux de l'Académie du même nom, qui seront remis le 16 mars prochain dans le cadre du XXIXe Grenoble Jazz Festival, ont « nominés » plusieurs artistes très renommés, comme B.B. King (catégorie blues), Charles Lloyd (musicien étranger), Abbey Lincoln et Joni Mitchell (jazz vocal) mais aussi des jazzmen méritant une certaine attention comme Patrice Caratini (musicien français de jazz), et surtout les « espoirs pour un premier disque » avec le quartette Moutin Réunion, le batteur Paco Séry ou Baptiste Trotignon (piano).
BLOC-NOTES
Bertrand Rebaudin
Le batteur Bertrand Renaudin fait partie de ces musiciens qui occupent la scène du jazz français depuis de longues années et ont participé à sa renommée européenne. A la tête de son nouveau quintette international - Jonas Knutsson (saxe), Gueorgui Kornazov (trombone), Yves Rousseau (basse) et Hervé Sellin (piano) - il vient de sortir un excellent CD, « L'arbre voyage » (CC Production/Harmonia Mundi), qui est surtout une invitation au voyage à travers des thèmes originaux.
Maison de Radio France (01.56.40.15.16), Studio Charles Trénet, 3 mars, 17 h 30 (en première partie, le trio du pianiste Benjamin Moussay).
Kenny Werner
Le pianiste new-yorkais a pris ses quartiers d'hiver en France puisqu'il se produit régulièrement dans certains clubs de la capitale à la tête de son trio et présente sa dernière production, enregistrée dans un club du quartier des Halles, « Live au Sunside » (Night Bird).
Sunside (01.40.26.21.25), du 28 février au 2 mars, 21 h 00.
Patrick Saussois
Excellent guitariste manouche, digne héritier des plus grands stylistes du genre, Patrick Saussois adore changer de casquette musicale, passant des hommages à Django ou à la musique populaire avec son jazz musette, à un genre tout aussi dansant qui combine jazz et rock'n'roll. Pour faire la fête.
Slow Club (01.42.33.84.30), du 1er au 3 mars , à partir de 22 h 00.
Ricky Ford
Ricky Ford est un saxophoniste-ténor américain qui a choisi de s'installer en France voici plus d'une dizaine d'années pour y fonder une famille et travailler une esthétique musicale basée à la fois sur la tradition Be bop et sur des recherches mélodies, harmoniques et rythmiques. C'est à la tête de son sextette que ce travail est le plus révélateur.
Sunside (01.40.26.21.25), 3 mars, 21 h 00.
Kenny « Blues Boss » Wayne
Kenny Wayne, surnommé « Blues Boss », est un pianiste/chanteur influencé par Ray Charles, Jay McShann ou encore Charles Brown, mais qui a également accompagné le contrebassiste de jazz, Charles Mingus. C'est dire s'il a de très nombreuses cordes à son arc musical de showman.
Jazz-club Lionel Hampton, (01.40.68.30.42), hôtel Méridien Paris Etoile, du 27 février au 11 mars, à partir de 22 h 30.
Disparition de Buddy Tate
Triste début d'année 2001. Après le suicide du tromboniste Jay Jay Johnson, c'est au tour d'un vétéran de la belle époque du big band de Count Basie de ranger définitivement son instrument de musique, à 87 ans. Le saxophoniste-ténor George Holmes Tate, surnommé « Buddy », était un des derniers dépositaires du « Texas sound », un style particulièrement rauque et puissant. Il avait été engagé dans l'orchestre du célèbre pianiste/chef d'orchestre en 1939 pour remplacer un autre souffleur, Herschel Evans. Il restera pendant une dizaine d'années au pupitre des saxes qu'il partage avec d'autres pointures comme Illinois Jacquet, Lucky Thomson ou Paul Gonsalves (qui deviendra l'un des saxophonistes fétiches de Duke Ellington). Par la suite, on le retrouve notamment avec Buck Clayton (trompette) ou Jay McShann (piano). Il avait fait un retour remarqué dans les années 1980, principalement lors des tournées européennes et françaises des festivals d'été à la tête de formations regroupant des anciennes gloires du jazz swing et fougueux.
On a également appris la mort d'un jeune jazzman sud-africain, Moses Molelekwa, (piano), 28 ans, qui s'est pendu. Il avait joué avec plusieurs artistes de renommée internationale comme Manu Dibango, Ismail Lo ou encore Chucho Valdes.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature