Bénéfice du dépistage du cancer du sein dès 30 ans pour les femmes à risque

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Publié le 29/11/2018
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Crédit photo : PHANIE

Selon une large étude portant sur les données de plus de 5 millions de mammographies, un dépistage individualisé du cancer du sein dès 30 ans serait pertinent chez les femmes qui présentent au moins un des 3 facteurs de risque suivants : une densité mammaire importante et des antécédents personnels ou familiaux de cancer du sein. Ces résultats ont été présentés aujourd'hui lors des rencontres annuelles de la Société radiologique d'Amérique du Nord.

Les chercheurs de l'université de New York ont comparé l'évolution de différentes catégories de femmes inscrites dans la base de données nationale des mammographies, à la suite d'un examen radiologique. Plus précisément, ils ont analysé, pour chaque catégorie d'âge et de risque, le taux de détection des cancers, le taux de rappel après mammographie, la valeur prédictive positive des biopsies prescrites et de celles effectivement effectuées. Cela représente un travail d'analyse mené sur 5,7 millions de mammographies, réalisées sur plus de 2,6 millions de femmes, au cours d'une période de 8 ans. « Les femmes de moins de 40 ans, n'ont pour l'instant pas fait l'objet de toute notre attention », estime le Pr Cindy Lee, radiologue au centre de santé Langone de l'université de New York et première auteure de l'étude. « Il n'est pas facile d'étudier les femmes de 30 à 39 ans, car la plupart des patientes de ce groupe n'ont jamais eu de mammographie », ajoute-t-elle.

Dans l'ensemble, le taux de détection (3,7 pour 1 000), le taux de rappel (9,8 %), et les valeurs prédictives positives de la mammographie seule ou associée à une biopsie (respectivement 20,1 % et 28,2 %) sont homogènes dans toutes les catégories d'âge entre 30 et 40 ans. Toutefois, si l'on isole des femmes de 30 à 34 ans et de 35 à 39 ans ayant au moins un des 3 facteurs de risque – un antécédent familial de cancer du sein, un antécédent personnel de cancer du sein ou une densité mammaire importante –, on observe que leur taux de détection des cancers est significativement plus élevé que celui des femmes de 40 ans et sans facteur de risque.

« Les femmes qui ont au moins 1 de ces 3 facteurs de risque pourraient bénéficier d'un dépistage commençant à 30 ans au lieu de 40 ans », estime le Dr Lee. Si l'on suit les recommandations de la Société américaine de cancérologie, les femmes devraient avoir la possibilité de s'inscrire dans une démarche volontaire de dépistage à partir de 40 ans, et faire l'objet d'un dépistage systématique à partir de 45 ans.

En France, un dépistage individualisé à un âge individualisé

En France, les recommandations pour le dépistage individuel du cancer du sein chez les femmes à haut risque ont été émises par la Haute Autorité de santé en 2014. Le texte préconise un dépistage spécifique en cas d'antécédent personnel de cancer du sein ou de carcinome canalaire in situ, en cas d'irradiation thoracique médicale à haute dose, et en cas d'antécédent familial de cancer du sein avec score d'Eisinger supérieur ou égal à 3 et présence de mutations de BRCA1 et 2 non informatives. L'âge du début du dépistage n'est pas standardisé, et dépend de celui auquel est survenu l'antécédent familial le plus précoce ou celui de l'irradiation à haute dose.

Ces recommandations n'abordent pas le cas particulier des femmes chez lesquelles des mutations génétiques BRCA 1 ou 2 ont été identifiées. Pour ces dernières, les recommandations communes de l'INCA et de la HAS prévoient une surveillance clinique tous les 6 mois à partir de l’âge de 20 ans, et un suivi annuel par imagerie mammaire (+ échographie en cas de seins denses) à partir de 30 ans.

En l'absence de facteur de risque particulier, il n'y a pas lieu de réaliser des mammographies en dehors du cadre du dépistage organisé du cancer du sein, entre 50 et 74 ans.


Source : lequotidiendumedecin.fr