Développement professionnel continu

Bientôt sur les rails

Publié le 31/05/2012
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«ØLE DÉVELOPPEMENT professionnel continu (DPC) est une obligation instituée par la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires), votée en 2009. Il s’agit d’une démarche individuelle qui permet d’allier la formation cognitive et une évaluation des pratiques dans une démarche continue d’amélioration », explique le Dr Denis Prunet, trésorier adjoint de l’Association française d’urologie (AFU), dont il est le représentant au sein du comité DPC de la Fédération des spécialités médicales (FSM).

L’article 4133-1 de la loi HPST précise que le DPC a « pour objectifs l’évaluation des pratiques professionnelles, le perfectionnement des connaissances, l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins ainsi que la prise en compte des priorités de santé publique et de la maîtrise médicalisée des dépenses ». L’ensemble du dispositif a mis du temps à se mettre en place. Aujourd’hui, la plupart des décrets, organisant le DPC, sont parus. Mais le dispositif sera déployé progressivement et ne devrait réellement démarrer qu’en 2013.

Une obligation légale.

Le DPC constitue une obligation pour tous les médecins, qu’ils soient hospitaliers ou libéraux. « Les urologues, comme tous leurs confrères, devront valider tous les ans une action de formation cognitive et une action d’évaluation des pratiques professionnelles », précise le Dr Prunet.

La FSM est au cœur du dispositif de DPC. Cette fédération regroupe l’ensemble des Conseils nationaux professionnels (CNP) qui représentent les différentes composantes (sociétés savantes, syndicats, collèges universitaires…) des spécialités. C’est donc le CNP d’urologie qui pilotera le DPC des urologues. Ce CNP regroupe l’AFU, le Collège français des urologues et le Syndicat national des chirurgiens urologues français. « En son sein, il y a une parfaite parité public-privé », précise le Dr Prunet.

Le CNP d’urologie va mettre en place un organisme de développement professionnel continu (OGDPC) qui sera chargé de concevoir, de centraliser, d’évaluer et de valider les différentes actions de formation et d’évaluation proposées aux urologues.

Le Dr Prunet se montre plutôt confiant sur la capacité de la spécialité à assurer le déploiement du DPC. « L’AFU a su anticiper et est aujourd’hui en avance sur ce dossier. Nous avons fait partie du comité DPC de la FSM et nous avons donc pu participer, de l’intérieur, à la mise en place de tout le dispositif. On peut aussi rappeler que, de longue date, l’AFU a promu des formations pour les urologues et pour ses membres. On peut citer notamment les séminaires d’urologie continue, les Journées d’onco-urologie médicale, les Journées d’andrologie et de médecine sexuelle, ainsi que plusieurs formations conventionnelles comme récemment la formation à la prise en charge, du côté médical, de la lithiase, la formation aux réunions de morbi-mortalité ou la gestion des anticoagulants », détaille le Dr Prunet.

Par le passé, l’AFU s’est aussi beaucoup investie dans la formation médicale continue. « Notre comité de FMC avait recensé toutes les formations pouvant exister pour les urologues. Les responsables de ces formations avaient la possibilité de demander un agrément de l’AFU. Et nous avions mis en place un système de notation et de points. Nous avons donc une large expérience dans ce domaine », souligne le Dr Prunet.

Classée parmi les spécialités à risque, l’urologie a aussi son organisme d’accréditation, URORISQ. « L’entrée dans une démarche d’accréditation se fait sur la base du volontariat, mais chaque urologue doit savoir qu’elle sera validante pour le DPC. Dans notre programme individuel d’accréditation, il y a à la fois une démarche de formation cognitive et une démarche d’évaluation des pratiques via l’analyse des événements porteurs de risque (EPR) », indique le Dr Prunet.

Plusieurs options.

Concrètement, une fois le dispositif de DPC installé, chaque urologue pourra se renseigner auprès du CNP d’urologie sur les différentes actions disponibles. « Il pourra s’inscrire à l’ODPC-URO, qui lui proposera différents moyens pour valider ses obligations en matière de DPC. Il pourra s’engager soit dans une démarche d’accréditation, soit dans un mode hors accréditation avec alors, dans l’année, une action de formation cognitive et une démarche d’évaluation des pratiques professionnelles qui pourra prendre différentes formes : la participation à une revue de morbi-mortalité, à une base de données de l’AFU ou à des enquêtes de pratique que nous menons régulièrement via Internet », explique le Dr Prunet.

Selon ce dernier, la participation à une base de données est un excellent exercice d’évaluation des pratiques. « Cela oblige à ressortir ses dossiers, voir ses résultats et à réfléchir à ses pratiques. Cela sera d’ailleurs un des grands projets de l’AFU dans les années à venir. Nos premières bases vont être mises en place d’ici la fin de l’année. Il s’agira de bases nationales qui permettront aux urologues de déclarer des données sur un certain nombre de pathologies, comme le cancer de la prostate. Cela devrait également nous permettre d’évaluer de nouvelles technologies ».

Pour le Dr Prunet, la mise en place du DPC constitue une réelle avancée « en instaurant davantage de cohérence grâce à la réunion des deux serpents de mer qu’étaient devenues la FMC et l’EPP et en clarifiant les choses pour la FMC, qui ne consiste pas uniquement à recevoir « du cognitif » sans avoir aucune évaluation de ce que ce cognitif peut vous apporter dans votre pratique ».

D’après un entretien avec le Dr Denis Prunet, trésorier adjoint de l’Association française d’urologie (AFU), représentant de l’AFU au sein du comité DPC de la Fédération des spécialités médicales (FSM).

 ANTOINE DALAT

Source : Bilan spécialistes