Anesthésie ambulatoire

Bloc dédié ou bloc commun ?

Publié le 04/11/2010
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FAUT-IL, pour la pratique de l’anesthésie ambulatoire, disposer d’un bloc autonome et dédié ou peut-on utiliser un bloc commun avec les patients hospitalisés ? Cette question suscite aujourd’hui un débat dans le monde de l’anesthésie-reanimation. « Nous en avons récemment parlé à la Société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR) et on a pu constater que les deux positions existent aujourd’hui au sein de la spécialité », indique le Dr Didier Sirieix, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital privé d’Antony. « Une chose est sûre en tout cas : il y a aujourd’hui un enjeu économique majeur autour de l’ambulatoire qui, progressivement, va s’imposer comme une référence en matière de prise en charge. Depuis l’annnée dernière, 17 actes traceurs ont, par exemple, été mis en accord préalable avec les caisses. Cela signifie qu’il faut, pour ces 17 actes, demander une autorisation préalable de la sécurité sociale, pour hospitaliser les patients plutôt que de les prendre en charge en ambulatoire », explique le Dr Sirieix.

De manière générale, tous les établissements, qu’ils soient publics ou privés, ont aujourd’hui mis en place un circuit d’accueil dédié pour les patients d’ambulatoire. « Dans certains endroits, il existe des structures d’ambulatoire complètement indépendantes géographiquement. Sinon, la structure est intégrée dans une enceinte existante, mais avec une délimitation pour les patients d’ambulatoire qui bénéficient d’un circuit individualisé dans l’établissement. C’est important d’avoir un cheminement indépendant avec un accueil dédié, une zone avec des chambres où les patients peuvent se déshabiller avant d’emprunter un trajet dédié pour aller au bloc. Ensuite, après le passage en salle de réveil, ces patients sont acheminés dans une salle de détente, avec des collations, où ils attendent l’aptitude du retour à la rue et à leur domicile », explique le Dr Sirieix.

En fait, le débat porte surtout sur le partage d’un bloc commun avec les patients hospitalisés. « Lors de cette discussion à la SFAR, il est apparu, au final, qu’il n’était pas possible, en la matière, d’imposer une seule et unique position. Tout dépend de l’activité de l’établissement, de ses objectifs, du type de chirurgie pratiquée. Par exemple, il peut être intéressant d’avoir un bloc dédié si vous êtes spécialisé sur une chirurgie unique, par exemple une chirurgie de la main avec un ou deux chirurgiens qui ne font que cela. Si vous faites une chirurgie pluri-disciplinaire (digestive, orthopédique, endoscopie, ORL…), la question peut se disposer différemment », indique le Dr Sirieix qui, pour sa part, plaide pour l’organisation mise en œuvre dans l’établissement où il travaille : le partage d’un bloc commun avec les patients hospitalisés. «  Dans notre clinique, où nous sommes 15 anesthésistes et 5 infirmières anesthésistes temps plein, nous avons un énorme secteur d’ambulatoire. Nous arrivons avec un bloc commun à faire 65 % de l’activité en ambulatoire. Avec nos 50 lits, on arrive à intégrer jusqu’à 17 000 patients par an, soit environ 90 chaque jour », explique le Dr Sirieix.

Un des principaux avantage de l’utilisation d’un bloc commun est d’améliorer l’efficience en diminuant les coûts au niveau du personnel et du matériel. « Avec deux blocs, vous êtes obligés de tout doubler, en particulier au niveau des matériels qui sont en général très coûteux. Quand on voit le prix d’une colonne de cœlioscopie, d’un appareil d’échographie pour faire des blocs d’anesthésie ou d’un respirateur d’anesthésie, il me semble impensable qu’une structure ayant une activité polyvalente et un souci d’efficience puisse faire le choix de doubler tous les investissements. Le fait de centraliser l’activité autour de blocs communs permet aussi de rationaliser le temps médecin, infirmier ou l’utilisation des salles de réveil », indique le Dr Sirieix, en ajoutant que de manière générale, les structures privées, « qui sont plus en pointe que le public sur l’ambulatoire » ont plutôt opté pour des blocs communs. « Mais encore une fois, on ne peut avoir de position doctrinale sur le sujet. Tout dépend des politiques locales d’organisation », estime le Dr Sirieix.

D’après un entretien avec le Dr Didier Sirieix, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital privé d’Antony.

ANTOINE DALAT

Source : Bilan spécialistes