« Il n’y a pas de grands changements dans ce calendrier vaccinal 2015, seulement des petites adaptations », souligne le Pr Daniel Floret, président du Comité technique des vaccinations. Concernant notamment le vaccin méningo B, à réserver aux épidémies, et aux personnes à risque. En post-exposition, il n’y a pas de recommandation d’utiliser le vaccin Bexsero®, sauf éventuellement dans des zones où existe une campagne de vaccination. De plus, un guide de la conduite à tenir autour des cas de coqueluche a été mis à jour et adapté au calendrier vaccinal pour les recommandations concernant les adultes.
« Le vaccin contre le zona n’a pu être intégré au calendrier, souligne le Pr Floret, bien qu’une recommandation ait prôné son usage chez les plus de 65 ans. En effet, le vaccin n’est pas disponible en France. En outre, le prix est en discussion. S’il y a peu de modifications du calendrier en revanche un certain nombre d’avis ont été délivrés en 2014 par le HCSP.
HPV : ajouter une vaccination en milieu scolaire
Tout d’abord l’avis sur le vaccin HPV. « Nous disposons de données (Australie, Danemark, États-Unis) montrant que ce vaccin est capable de prévenir des lésions précancéreuses prédisposant au cancer du col dans le cadre de l’utilisation en vie réelle », explique Daniel Floret. Les problèmes d’articulation entre le dépistage et la vaccination sont également abordés. Les constats « montrent que lorsqu’on pratique un dépistage organisé, bien que l’on augmente de dix pour cent la couverture du dépistage, on arrive à peine à 70 % de couverture dans deux départements pilotes. Ailleurs, on est très en dessous, ce qui veut dire qu’un nombre important de femmes échappe au dépistage », regrette le Pr Floret. On dispose également de données confirmant qu’il existe un recouvrement entre les femmes échappant au dépistage et celles échappant à la vaccination. Or elles appartiennent majoritairement aux milieux défavorisés où le risque de cancer du col est majoré.
En outre, l’avis fait une mise au point sur les données de tolérance (en France, aux États-Unis, au Danemark et en Suède). Celles- ci démentent les rumeurs de SEP et de maladies auto- immunes provoquées par ce vaccin, qui ne sont confirmées dans aucune étude.
Il faut donc trouver un système pour étendre la couverture vaccinale particulièrement auprès des femmes défavorisées. « Pour cela, une seule solution acceptable : ajouter une vaccination en milieu scolaire à ce qui existe déjà », précise le Pr Floret. De plus, on pourrait abaisser l’âge de la vaccination à neuf ans, ce qui vient d’être recommandé par l’OMS.
Grippe : on continue !
Un autre avis concerne la grippe. Le HCSP a revu les données de la vaccination chez les plus de 65 ans. Il a conclu que ce vaccin permettait d’éviter 2000 décès par an. Il faut donc le poursuivre. Et le personnel de santé devrait être vacciné pour éviter de contaminer les patients.
Méningocoque : pallier la pénurie
Deux avis ont concerné le méningocoque. Le premier a trait à la pénurie de vaccin à méningocoque C (Meningitec®). La recommandation est d’utiliser les doses disponibles pour vacciner les enfants de un à quatre ans. En revanche, les 4-24 ans peuvent être vaccinés avec un vaccin quadrivalent. Il semble que les doses de vaccin Neisvac® disponibles puissent pallier la pénurie de vaccins méningococciques C monovalents.
Le deuxième concerne les homosexuels. En Europe et aux États-Unis, une souche de méningocoque C très virulente circule dans la communauté gay . Il a été recommandé de vacciner contre le méningocoque C les hommes adultes de plus de 24 ans qui fréquentent les lieux de convivialité gay, pendant une durée transitoire d’au moins un an, plutôt avec un vaccin quadrivalent, notamment dans le contexte de pénurie de vaccin monovalent C.
Un avis a par ailleurs été rendu sur le problème des professionnels de santé ne répondant pas au vaccin contre l’hépatite B. Chez eux, on peut injecter trois doses supplémentaires, si besoin.
Enfin, une nouvelle pénurie affecte les vaccins combinés contenant la valence coquelucheuse. Sont concernés les vaccins pentavalents (DTCaP-Hib) et quadrivalents « pédiatriques » DTCaP. Par contre, le vaccin hexavalent (contenant en plus l’hépatite B) et le vaccin quadrivalent « adulte » (dTcaP) sont disponibles.
Hépatite B : pour tous les nourrissons
Le HCSP rappelle que la vaccination contre l’hépatite B est recommandée pour tous les nourrissons et qu’il n’existe pas de lien démontré entre cette vaccination et la survenue de SEP. L’importance de la primovaccination des nourrissons dès l’âge de 2 mois est rappelée et doit être effectuée avec le vaccin hexavalent disponible. Le rappel de 6 ans peut par ailleurs être réalisé avec le vaccin dTcaP qui, bien que moins dosé en antigènes diphtérique et coquelucheux doit procurer une protection suffisante jusqu’au rappel de 11- 13 ans.
Une étude de la Drees
Au moment où paraît le calendrier vaccinal 2015, paraît également une étude de la Drees sur l’attitude et les pratiques des médecins généralistes face à la vaccination. Il en ressort que, si la majorité des généralistes de ville sont favorables à la vaccination et que la très grande majorité fait confiance aux sources officielles, un tiers d’entre eux préfèrent se fier à leur jugement.
L’étude a été réalisée sur un panel de médecins généralistes libéraux mis en place grâce à un partenariat entre la Drees, les ORS et les URPS-ML de trois régions (Poitou-Charentes, Pays de la Loire et Paca).
Parmi les participants, 97% se sont déclarés favorables à la vaccination en général. Neuf médecins sur dix considèrent que leur rôle est d’inciter leurs patients à se faire vacciner même lorsqu’ils y sont réticents, ce qui souligne leur engagement dans la vaccination. Par ailleurs, la très grande majorité des médecins font plutôt ou tout à fait confiance aux sources officielles (ministère de la santé, agences sanitaires). Même si parmi eux, 53% estiment qu’elles sont influencées par l’industrie pharmaceutique et que 29% préfèrent se fier à leur jugement plutôt qu’aux recos officielles.
En outre, les médecins n’ont pas assez confiance en eux-mêmes pour informer leurs patients sur les vaccins : si 96% se considèrent à l’aise pour donner des explications sur l’intérêt des vaccins et 81% sur leur sécurité, seuls 43% se sentent à même d’expliquer le rôle des adjuvants à leurs malades.
Trois profils de médecins
Les enquêteurs distinguent trois profils de médecins vis-à-vis de la vaccination. Le premier (76%) peut être qualifié de « confiant » dans les vaccins. Le deuxième profil (16%) rassemble des médecins « modérément confiants ». Ils accréditent un peu plus souvent l’idée que les vaccins peuvent être responsables de maladies graves. Enfin, le troisième groupe (8%) est carrément peu confiant. La majorité d’entre eux estiment que les vaccins peuvent entraîner certains risques graves et remettent en cause leur utilité. Au final, près d’un quart des médecins du panel émettent donc des doutes sur les risques et l’utilité de certains vaccins. Ce qui, soulignent les auteurs, est préoccupant.
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