265 à Paris, 104 à Rennes, 120 dans le Val-de-Marne, 259 dans le Grand Lyon... Ils ne sont pas nombreux à intervenir régulièrement dans le réseau des égouts. L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) s'inquiète néanmoins pour la santé des égoutiers. C'est une étude de l'Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) sur les égoutiers de Paris, qui l'avait alerté en 2004 : un bilan qui relevait une surmortalité de ces travailleurs, notamment par maladies digestives, cancers et suicides.
Forte de ce premier signal, l'Anses a donc mené une campagne de mesures chez les égoutiers parisiens entre octobre 2014 et mars 2015. Selon le rapport, les égoutiers passent "officiellement au moins la moitié" de leur temps de travail dans les réseaux d'assainissement, une durée qui varie de 3h à 5h par jour, selon les chantiers. Or la rapport montre qu'ils sont exposés à un "cocktail d'agents chimiques et biologiques", et notamment des composés "cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques".
Conséquence de ces expositions dangereuses, ces travailleurs souffrent fréquemment de symptômes digestifs, respiratoires, d'irritation du nez, de la gorge et de la peau. Le rapport pointe aussi chez eux une augmentation de la fréquence de certaines pathologies infectieuses. Quant aux études de mortalité, selon les experts, elles "objectivent une surmortalité significative principalement pour les cancers du foie et du poumon, sans qu’il soit possible d’identifier précisément un ou plusieurs facteur(s) de risque responsable(s)", écrit l'Anses. Des tâches "plus exposantes" ont été identifiées, comme le curage de bassins de dessablement ou le nettoyage à haute pression des dégrilleurs, les systèmes destinés à piéger les déchets plus ou moins volumineux.
Face à ce constat, l'Anses préconise de développer une "formation professionnelle obligatoire" pour toute personne amenée à travailler dans un réseau d’assainissement souterrain, de porter une "attention particulière aux tâches les plus exposantes" (meilleure ventilation, mécanisation), de mettre en oeuvre mesures d’hygiène et consignes de sécurité "en lien" avec le service de santé au travail et de cartographier les risques liés aux réseaux. Elle recommande aussi un suivi médical renforcé des égoutiers, ainsi que la poursuite et la mise en place d'études épidémiologiques pour le suivi des effets sanitaires à long terme...
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