Bons médecins mais mauvais communicants ! C’est en résumé l’appréciation de 327 généralistes de la région de Grenoble sur leurs confrères hospitalo-U. Le CHU de Grenoble a en effet lancé une enquête en 2010 auprès des médecins de ville du basin hospitalier, à laquelle 42 % des généralistes ont répondu. Ces praticiens ont pu porter un jugement en connaissance de cause, puisque 73% ont recours chaque mois au CHU pour ses consultations spécialisées et 70% pour y hospitaliser des patients.
On retiendra de cette enquête assez inédite que sur l’indicateur de satisfaction globale sur les prises en charge, le CHU obtient tout juste la moyenne avec 55,5 sur 100. Côté bons points, on retiendra que les libéraux ont plutôt une bonne opinion des soins dispensés avec 66/100. Ils pointent, en revanche, l’absence de communication entre ville et hôpital. Viennent ensuite les indicateurs de satisfaction portant sur la continuité des soins et sur l’accès aux soins avec les notes respectives de 45 et 43,9 sur 100. Mais c’est surtout la qualité des échanges d’information avec les médecins hospitaliers qui pêche le plus avec une note basse (39,2 sur 100). Seuls 24% des médecins généralistes trouvent qu’il est facile d’identifier un PH. Et il est évidemment encore plus difficile (17%) de joindre le médecin en charge de son patient.
L’une des plus mauvaise évaluation va au courrier d’hospitalisation, qui avec 35,9 sur 100, est évalué avec grande sévérité. Le score le plus péjoratif porte pourtant sur la préparation de sortie (29,3 sur 100), du fait des scores très bas pour les items portant sur l’association du médecin généraliste à la planification de la sortie et sur sa participation au projet thérapeutique. Huit médecins de ville sur dix râlent après les délais de transmission post hospitalisation qui affectent le courrier de sortie et neuf sur dix constatent que les médecins hospitaliers ne les font pas participer aux décisions concernant leurs patients.
Une impression de mépris
Cette impression des libéraux d’être laissés de côté par l’univers hospitalier a été formulée ensuite de vive voix par les généralistes qui ont participé à des groupes de travail que le CHU a organisé après l’enquête. "Les médecins généralistes se sentaient non reconnus, non considérés ou méprisés," rapportent les auteurs de l’enquête qui a été publiée dans CAIRN Info, la revue de la Société Française de Santé Publique. A Grenoble, un plan d’actions a ensuite été mis en œuvre pour tenter d’améliorer les choses : permanences téléphoniques dotées de téléphones portables dédiées aux libéraux, check-list systématisant le contact avec le médecin traitant à la sortie de son patient, annuaire des médecins hospitaliers, rencontres hospitalo-libérales,etc.
Les autres CHU s’en inspireront-ils à leur tour ? En tout cas, ils devraient y être incités, puisqu’on sait déjà que l’amélioration de la communication hôpital-ville fera l’objet de plusieurs mesures dans la future loi de santé que doit présenter Marisol touraine le 17 juin.
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