T ROIS jours avant les municipales, le Centre national des professions de santé (CNPS) appelle ses syndicats adhérents à une journée d'action pour aujourd'hui, jeudi. L'objectif : rappeler aux électeurs aussi bien qu'aux élus et candidats à ces élections que les professionnels de santé sont très mécontents et demeurent largement insatisfaits de la situation actuelle. Ils dénoncent toujours le système de maîtrise comptable des dépenses de santé et réclament en particulier la suppression du mécanisme des lettres clés flottantes.
Aucune consigne de fermeture n'ayant été donnée, les cabinets médicaux et paramédicaux, ainsi que les laboratoires d'analyses resteront ouverts. En revanche, chaque centre départemental des professions de santé (CDPS) a le loisir de décider librement des actions à mener.
Bas-Rhin : fax multiples dans les caisses et à la préfecture
Exemple de cette mobilisation : la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) du Bas-Rhin appelle tous les médecins à « informer nos alliés les patients et à importuner les caisses et l'Etat ». Le mot d'ordre consiste à adresser par fax aux caisses locales d'assurance-maladie, plusieurs fois dans la journée, un tract expliquant les revendications des médecins et dénonçant la politique budgétaire actuelle. Une façon d'encombrer le fax des caisses et aussi celui de la préfecture.
Le syndicat demande également à ses adhérents d'agrafer le texte du tract à chaque feuille de soins, du 8 au 15 mars inclus, et de l'imprimer au dos des ordonnances pour ceux qui utilisent un ordinateur. La CSMF du Bas-Rhin appelle également à une grève de la télétransmission des feuilles de soins électroniques pour sept jours et promet aux caisses une « inflation » des demandes d'ententes préalables accompagnées de lettres rédigées dans un style tellement « technique » et incompréhensible que ces demandes devront obligatoirement être visées par les médecins-conseils eux-mêmes. Parallèlement, les médecins informeront pendant toute la journée leurs patients sur les motifs de leur colère, en rappelant que « malgré la médiatisation du Grenelle de la Santé, cette mascarade de négociations n'a rien résolu ». Une lettre circulaire sera adressée au préfet et aux élus de la région et du département.
En Rhône-Alpes, les CDPS ne prévoient ni manifestations, ni interventions publiques. La journée se résumera à l'envoi de nouveaux courriers aux députés et sénateurs dans chacun des huit départements de la région et à l'organisation, dans chacune des villes de préfecture, de conférences de presse pour sensibiliser les médias locaux. « Après la forte mobilisation des professionnels de santé, et singulièrement des médecins, que nous avons réussi à provoquer en décembre 2000, explique le Dr Danièle Atayi, généraliste et présidente du CSMF du Rhône, vice-présidente du CDPS du Rhône, il était exclu de lancer de nouvelles " actions dures " à une date aussi rapprochée. »
Depuis le début de janvier, les collègues des autres CDPS de Rhône-Alpes ont déjà rencontré les élus de toute la région, députés et sénateurs, pour leur faire part de leur « méfiance à l'égard de la politique gouvernementale » et de leur « scepticisme croissant ». Les CDPS se sont adressés à la plupart des têtes des principales listes aux élections municipales dans les grandes villes, « tout en étant conscients que les élus locaux pèsent peu sur les orientations de la politique nationale de santé ».
En Gironde, les médecins ont simplement prévu un dialogue avec leurs patients, « afin de leur expliquer qui a voté la loi de financement de la Sécurité sociale et qui est à l'origine de la maîtrise comptable », explique le Dr Danielle Guérin, généraliste à Bordeaux et présidente de l'UNOF (généralistes de la CSMF) de ce département.
Nord : opérations coup de poing
Dans le Nord, comme dans tous les départements où les vacances scolaires se sont achevées le week-end dernier, les professionnels de santé ne sont guère mobilisés. Outre une conférence de presse, solution a minima choisie par de nombreux départements, une délégation compte toutefois être reçue par l'union régionale des caisses d'assurance-maladie (URCAM). Des opérations coup de poing en direction des caisses et des politiques sont certes prévues, mais pas avant d'ici deux à trois semaines. Parallèlement, un débat sur la santé avait été demandé aux deux candidats à la mairie de Lille. Alors que Christian Decocq, qui conduit la liste UDF-RPR-DL, a donné son accord, de l'autre côté, Martine Aubry, l'ancien ministre de l'Emploi et de la Solidarité, qui a eu à gérer durant près de deux ans et demi les problèmes des professionnels et qui a dû subir plusieurs de leurs manifestations ou journées d'actions, traîne pour donner sa réponse.
Parmi les rares actions originales qui ont été prévues à travers la France par les professionnels de santé, on retiendra en particulier le défilé-carnaval annoncé à Perpignan.
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