LE QUOTIDIEN - Est-il exact qu'aujourd'hui, les médecins soient moins réticents au sujet des contrats Madelin ?
Dr Pierre-François CAMBON - Il est vrai que, durant les premières années qui ont suivi la création des fonds de pension Madelin, nous avons enregistré un nombre relativement réduit de souscriptions. Mais cette tendance s'est inversée depuis 2 ans, les praticiens de santé ayant pris conscience des menaces qui pèsent sur l'avenir de leurs retraites. Nous avons enregistré en 2000 une hausse de 50 % des souscriptions nouvelles et des versements sur notre contrat « RES Fonds de pension ».
Aujourd'hui, la gamme des contrats proposés s'est étoffée, il devient difficile pour un médecin de choisir. Quel critère lui conseillez-vous de privilégier ?
Dans la majorité des cas, quand on souscrit un fonds de pension, on s'attache au montant de la rente qui vous sera attribuée à 65 ans. Mais ce n'est absolument pas suffisant car il est indispensable de s'assurer de l'évolution de la rente allouée sur le long terme.
Par exemple, que touchera-t-on à 75 ans ? De combien la rente sera-t-elle revalorisée au fil des années ?
Lorsque l'on arrête son activité professionnelle, on détermine un nouveau mode de vie qui tient compte de son nouveau revenu. D'une certaine façon, les besoins évoluant, on accepte une certaine minoration de celui-ci par rapport à sa période d'activité. Mais les années suivantes, on souhaite vivement que son pouvoir d'achat ne baisse plus. On peut accepter de se serrer la ceinture une fois, mais pas chaque année ! C'est pourquoi, il est indispensable de s'intéresser autant, sinon plus, à la revalorisation de la rente qu'à sa valeur la première année. Il y a un principe mathématique qui fait que plus une rente est élevée la première année, moins elle sera revalorisée. Par conséquent, contrairement à ce que pensent la plupart des épargnants, il vaut mieux opter pour une rente un peu plus faible au début mais bien revalorisée sur le long terme que le contraire.
Un médecin, au moment de sa retraite, peut-il estimer l'évolution à venir de sa rente ?
C'est possible, il faut s'intéresser au « taux technique » utilisé par l'assureur pour le calcul de la rente à venir et savoir que, plus ce taux sera élevé, moins la rente sera revalorisée. Un assureur qui intègre un taux technique de 3 % inclut déjà une revalorisation automatique de 3 % et bien souvent celle-ci ne permettra plus de revaloriser chaque année la pension quelle que soit l'évolution à venir des rendements ou de l'inflation.
Pour notre part, nous préférons proposer une rente à taux technique nul, dont le niveau est un peu plus faible au début, mais pour laquelle nous garantissons, d'une part, une réévaluation financière alignée sur celle des fonds en francs et, d'autre part, un minimum de revalorisation annuelle en fonction de l'évolution des taux obligataires. C'est le seul moyen d'assurer une revalorisation maximale des rentes servies, ce qui permettra de compenser en partie les probables insuffisances de revalorisation (voire diminution) des régimes obligatoires.
Est-il vraiment important pour un médecin de s'intéresser à ce point très technique ?
C'est un point tout à fait essentiel car le montant initial de la rente peut être un véritable miroir aux alouettes, qui fait oublier la revalorisation. Mais attention ! Lorsque la conversion en rente sera faite, il ne sera plus possible de changer d'assureur, alors que cela reste possible jusqu'à cette date ultime.
Notre conseil est donc que, pour ce type de contrat, plus encore que pour tout autre, il faut choisir un assureur digne de la plus grande confiance sur une très longue période.
Vous avez décidé de fermer votre fonds de pension uniquement en francs et de ne plus commercialiser qu'un contrat multisupport qui comporte aussi un support en francs. Que doivent faire les détenteurs d'un contrat Madelin en francs ?
La loi de 1994 permet à un médecin d'ouvrir plusieurs contrats. Les praticiens de santé qui détiennent un RES Fonds de pension en francs peuvent donc continuer d'effectuer des versements dessus mais ils peuvent, en outre, ouvrir un RES Fonds de pension Avenir afin de dynamiser leurs versements en investissant pour partie dans des actions. Ils doivent uniquement respecter globalement les plafonds de versement annuel prévus au contrat d'origine.
En raison des évolutions en dents de scie des marchés boursiers, nous leur conseillons d'opérer des versements réguliers sans tenir compte de l'état des marchés car c'est le meilleur moyen de lisser, comme disent les financiers, le prix de revient de leurs investissements.
Peut-on se contenter d'ouvrir un contrat Madelin pour assurer sa sécurité financière pendant la retraite ?
La rente servie par les contrats Madelin ne peut pas répondre aux aléas financiers exceptionnels auxquels un médecin, ou son conjoint, pourrait avoir à faire face au cours de sa retraite. Il est donc nécessaire de répartir son épargne entre un fonds de pension et un contrat classique d'assurance-vie. Ce dernier permettra de financer des dépenses exceptionnelles ou le surcoût créé par la dépendance d'un des membres du couple. Et la part non utilisée de cette épargne de précaution sera transmise dans des conditions fiscales privilégiées aux héritiers du couple.
C'est pourquoi nous conseillons aux jeunes professionnels de santé de commencer très tôt leur démarche de préparation de leur retraite, quitte à verser des sommes faibles durant les premières années d'exercice, pour pouvoir également alimenter un contrat d'assurance-vie « classique ».
En cas de décès prématuré, les versements ne seront pas perdus puisqu'une option permet au souscripteur d'un fonds de pension qui vient à disparaître de faire prendre en charge une partie de ses versements jusqu'à l'âge auquel il aurait perçu normalement la rente afin que son conjoint puisse percevoir les rentrées financières qu'il avait prévues.
Une dernière question : comptez-vous encore améliorer votre RES Fonds de pension Avenir ?
Le souci de la MACSF étant de répondre au mieux aux attentes de ses sociétaires, nous avons décidé de ne pas figer nos produits.
Ainsi, dans les mois à venir, nous pensions offrir aux détenteurs de ce contrat la possibilité d'en gérer librement une partie.
Actuellement, nous assurons la gestion globale de chaque contrat selon la technique dite de la gestion à horizons définis, c'est-à-dire que la composition des avoirs détenus par un médecin évolue en fonction de son âge et de la prise de risque qu'il a souhaitée sachant qu'à partir de 63 ans, tous les contrats sont investis totalement en francs.
Nous envisageons, pour les sociétaires qui le souhaiteraient, ne plus gérer 100 % de leur contrat, mais par exemple seulement 90 %, les laissant libres de gérer eux-mêmes les 10 % restants.
Contrats retraite Madelin : faire les bons choix
Publié le 13/02/2001
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Propos recueillis par Marie-Claude BARBIER
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 6856
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