Trouble bipolaire des femmes

Contre hormones et marées

Publié le 14/12/2017
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Les estrogènes et la progestérone sont impliqués dans de multiples aspects du fonctionnement cérébral (modulation de la neurotransmission, survie neuronale, plasticité synaptique). De plus, certains biomarqueurs impliqués dans le trouble bipolaire seraient influencés par les hormones sexuelles. Les estrogènes et la progestérone atténueraient la réponse inflammatoire du SNC (1) et les estrogènes protégeraient du stress oxydatif (actions mitochondriales, canaux calciques, voie glutamatergique) et réguleraient les signaux du BDNF, agissant sur la neurotransmission, la survie neuronale et la plasticité synaptique.

Période pubertaire. Une étude suggère qu’un âge précoce de la ménarche serait associé à un début plus précoce du trouble bipolaire.

Syndrome prémenstruel (SPM). En population générale, la comorbidité avec les troubles de l’humeur serait très élevée. Les patientes présentant une comorbidité trouble bipolaire-SPM auraient un début plus précoce des troubles, des épisodes plus fréquents, une comorbidité fréquente avec d’autres troubles psychiatriques et des épisodes postnataux de plus forte intensité (2).

Période périnatale. Hoekzema et al. (3) ont montré des modifications du volume de la substance grise dans les 2 ans suivant une naissance. Ces données ouvrent des perspectives de compréhension de la fréquence des troubles thymiques de la période périnatale. Cette période est associée à un risque de rechute très élevé, surtout les premiers mois suivant la naissance (4) dans les troubles bipolaires.

Ménopause. C’est surtout la période de transition de la périménopause qui est associée à une augmentation du risque d’épisodes dépressifs mineurs ou caractérisés. En ce qui concerne le trouble bipolaire, les rares travaux soulignent une fréquence augmentée des épisodes dépressifs (46-91 %).

Enfin, les nouvelles pistes de recherche ouvrent sur les dysfonctionnements du système ocytocinergique ou le traitement de la dépression postnatale par la brexanolone.

Réseau de psychiatrie périnatale, CH Charles Perrens Université de Bordeaux - Bordeaux Population Health Centre, UMR 1219 (Bordeaux)
(1) Frey BN et al. Bipolar disorders 2013;16:48-57
(2) Slyepchenko A et al. Acta Psychiatr Scand. 2017;136:473-82
(3) Hoekzema E et al. Nat Neurosci. 2017;20:287-96
(4) Munk-Olsen T et al. Arch Gen Psychiatry 2009;66:189-95

Dr Anne-Laure Sutter-Dallay

Source : Bilan Spécialiste