Baisse de l’incidence, diminution des taux de positivité des tests, allègement de la pression hospitalière, recul des décès, etc. Dans son point épidémiologique du 10 juin, Santé publique France (SPF) dresse un tableau plutôt positif de la situation de la France en matière de Covid et rapporte une diminution marquée de la circulation du SARS-CoV-2.
Pour autant « nous ne sommes pas sauvés », a averti Daniel Levy-Bruhl, (SPF, responsable de l’unité infections respiratoires et vaccination) lors d’une conférence de presse, soulignant notamment « la menace » que fait peser le variant Delta (anciennement variant indien) sur la dynamique épidémique. Avec en toile de fond une question phare : la diffusion généralisée de ce nouveau virus sur le territoire français est-elle inéluctable - à l’instar de ce qu’on observe outre-manche - ou peut-elle encore être évitée ?
De premiers cas autochtones recensés dans l'Hexagone
Actuellement, le variant Delta est toujours très peu détecté en France puisqu’il représentait lors de la dernière enquête flash du 25 mai à peine 0,5 % des cas. Cependant, « l’apparition de clusters avec transmission autochtone indique qu’une telle transmission a commencé en France, ce qui doit conduire à la plus grande vigilance », estime Santé publique France.
Par ailleurs, « on dispose désormais d’un certain nombre de données permettant de dire avec un très fort niveau de confiance que ce variant Delta semble plus transmissible que le variant Alpha », indique Sibylle Bernard-Stoecklin, épidémiologiste à la Direction des maladies infectieuses. En témoigne notamment ce qui a été observé au Royaume-Uni, « où ce variant a littéralement remplacé le Alpha en quelques semaines malgré un contexte épidémiologique favorable et des mesures de contrôle de l’épidémie levées progressivement ».
Dans ce contexte, « on peut s’attendre à ce qu’à terme, le variant Delta devienne majoritaire en France, même si le calendrier est impossible à déterminer », estime l'épidémiologiste.
Vers un raccourcissement des schémas vaccinaux ?
Cette substitution se soldera-t-elle forcément par une reprise épidémique ? En Grande Bretagne, le switch s’est traduit récemment dans certaines régions par une augmentation de l'incidence. « Mais cette situation est probablement multifactorielle », insiste Sibylle Bernard-Stoecklin. En France certains éléments pourraient jouer en notre faveur. Par exemple, alors qu’une étude suggère que le variant Delta pourrait rester plus sensible au vaccin de Pfizer qu’à celui d’AstraZeneca, l’utilisation majoritaire de vaccin à ARN en France pourrait avoir un impact positif. « On ne peut pas écarter cette hypothèse, estime Daniel Levy-Bruhl, mais il faut rester prudent ». Le climat plus tempéré pourrait-il jouer également et s’accompagner d’un freinage saisonnier potentiellement plus important qu’au Royaume-Uni ? Pour le moment « l’impact de la saisonnalité est encore difficile à évaluer et il reste beaucoup d’inconnues », répond Sibylle Bernard-Stoecklin.
Quoi qu’il en soit, « rien n’est inéluctable et il est essentiel de continuer à essayer de freiner ce variant ». Par ailleurs, alors qu’une étude a montré que pour le variant Delta, le risque d’échappement vaccinal était plus marqué en cas de vaccination incomplète (une seule dose), une réflexion est en cours sur une éventuelle révision à la baisse du délai préconisé entre les deux doses pour le vaccin de Pfizer. Un arbitrage devrait être rendu prochainement.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature