« Monsieur Chasse ! », de Georges Feydeau

Dans l'allégresse

Publié le 06/02/2001
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L 'HISTOIRE littéraire veut que « Monsieur Chasse ! » ne soit pas la meilleure pièce de Georges Feydeau. Certes. Le génial écrivain composa plus tard quelques chefs-d'oeuvre qui dépassent en folie cette comédie de 1892, créée dans ce même Palais-Royal où on la retrouve aujourd'hui. Mais il faudrait être bien difficile pour ne pas prendre un très grand plaisir à ce spectacle qui file à grand train sous la houlette de Jean-Luc Moreau.

Le metteur en scène, et il a raison, fait confiance à Feydeau. Il ne cherche pas midi à quatorze heures, il suit les indications du diabolique mécanicien, tout en imprimant à la représentation son sens personnel des rythmes, des atmosphères, des dérapages.
En tête de cette production, le célèbre duo de fantaisistes Philippe Chevallier et Régis Laspalès. Le second a naturellement plus de personnalité physique que l'autre : Laspalès, avec sa barbe et son regard volontiers inquiétant, impose naturellement quelque chose de madré, de roublard, quel que soit le « personnage » qu'il incarne. Avec Duchotel, mari qui trompe sa femme en prétendant se rendre à la chasse, il est à son affaire. Mais Philippe Chevallier, plus neutre, plus effacé apparemment, défend très bien Moricet, l'ami du couple qui rêve de séduire la femme de son ami et parvient - presque ! - à ses fins à partir du moment où Léontine comprend que son gredin d'époux se moque d'elle... Chevallier possède quelque chose d'innocent, de vulnérable, qui fait merveille dans ce rôle d'amoureux qui échoue.
La jeune femme flouée, la victime, c'est Sophie Broustal. Aussi séduisante qu'intelligente, la comédienne donne du piquant à ce personnage que Feydeau n'observe pas sans cruauté, bien sûr. Mais l'actrice, très fine, parvient à la fois à émouvoir et à faire rire avec une virtuosité remarquable. L'ensemble de la distribution est à la hauteur de l'inventivité de Feydeau. Aristocrate déclassée devenue concierge de meublés, Madame Latour est un personnage extravagant auquel Chrystelle Labaude apporte une vitalité réjouissante. Parfois cette Madame Latour est incarnée de manière plus raide, plus collet-monté : mais dans cette version, il y a quelque chose de la trivialité du grand monde que moque aussi Feydeau. Sébastien Azzopardi est un aimable Gontran, Bruno Chapelle, un Cassagne bien à sa place, Héléna Grouchka, une Babet parfaite. Tout le monde est bien, on l'a dit, et l'on passe une très bonne soirée à rire aux larmes !

Théâtre du Palais-Royal, à 20 h 30 du mardi au vendredi, à 17 h 30 et 21 h le samedi, à 15 h le dimanche (01.42.97.59.81). Durée : 2 h 30 entracte compris.

HELIOT Armelle

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6851