L E dépistage systématique de l'ESB chez les bovins de plus de 30 mois abattus et leur élimination de la chaîne alimentaire participent des mesures prises par l'Union européenne pour tenter de prévenir la transmission humaine de la maladie. En mai 1999, la Commission européenne a évalué quatre tests de diagnostic chez les bovins, tests fondés sur la détection de la protéine PrP res (ou PrP sc), la forme anormale, protéase-résistante, de la protéine prion, qui est le seul marqueur moléculaire connu de l'ESB.
L'équipe de neurovirologie du CEA (J.P. Deslys et coll.), qui publie ses résultats dans « Nature » de cette semaine*, a exploré les potentiels analytiques du test Bio-Rad du CEA (version commerciale du test le plus sensible des quatre), test biochimique rapide. Il a été comparé à la référence en matière d'infectiosité du prion, qui est le test de dosage biologique chez la souris. Les auteurs concluent que ce test biochimique rapide présente suffisamment de qualités pour que son utilisation empêche la destruction complète des carcasses de bétails massacrées.
Le Bio-Rad a été appliqué à différentes dilutions de trois échantillons d'homogénats de tronc cérébral de bovins présentant l'ESB et utilisés pour la titration de l'infectiosité chez les souris. Dans le test chez la souris, le titre de référence de l'infectiosité du matériel inoculé correspond à une dose létale 50 (DL 50) dans 0,5 mg de cerveau bovin infecté. Les auteurs trouvent que la limite de détection du test biochimique correspond à 0,033 mg du cerveau de bovin contaminé. Et que la comparaison directe avec les résultats de la titration chez la souris montre que la plus haute dilution du matériel biologique sur lequel la détection peut être réalisée avec le test de dosage biologique donne également un résultat positif pour le test biochimique. Elle est de 1/1 000, avec trois des échantillons sur trois positifs. La limite de détection du test biochimique est bien en deçà de l'unité de DL 50 chez la souris.
Il s'agit d'un résultat crucial par rapport à la référence murine, écrivent les auteurs, même si la sensibilité de la détection de l'infectiosité devrait être améliorée avec de nouveaux modèles de souris transgéniques.
En outre, les courbes de calibration correspondent aux résultats obtenus en utilisant différentes dilutions d'homogénats de matériel biologique infectieux, qui ont été testés en aveugle au cours des premières phases de l'évaluation menée par la Commission européenne. Cela fournit une indication de la reproductibilité de ce test de détection du PrP res, indique-t-on dans l'article de « Nature ». Et cela suggère une relation directe entre le titre de l'infectiosité et la concentration du PrP res.
La fiabilité des dilutions étagées pour évaluer la sensibilité a été confirmée sur des échantillons contenant des quantités variées et connues de l'agent de l'ESB, et en utilisant du tissu de système nerveux central obtenu dans une étude de pathogénie conduite au Royaume-Uni (Wells et coll., « Vet. Rec. », 142, 103-106, 1998).
En l'état actuel des connaissances, il est raisonnable de penser que les humains contaminés par la voie orale sont, pour une part, protégés par la barrière d'espèce, et de ce fait sont moins sensibles que les bovins à l'agent de l'ESB. Aussi, pour l'évaluation du risque, on présuppose en général que les humains contaminés par la voie orale sont moins sensibles à l'ESB que les souris inoculées par voie intracérébrale (ce qui est la voie expérimentale). L'application en routine du test devrait aider à éliminer de la chaîne alimentaire des cas d'animaux infectés et non diagnostiqués ; il pourrait aussi devenir un outil de monitorage épidémiologique de la maladie, concluent les auteurs.
* Vol. 409, 25 janvier 2001.
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