L’imagerie abdominale

Des évolutions au bénéfice de la prise en charge des malades

Publié le 13/10/2016
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L’imagerie abdominale a bien changé depuis ses débuts avec l’abdomen sans préparation et les techniques d’opacification (lavement baryté, transit œsogastroduodénal ou transit du grêle) qui ont maintenant été abandonnées au profit de techniques plus performantes en termes de diagnostic comme le scanner, ou n’exposant pas aux rayonnements ionisants, comme l’IRM et l’échographie.

Mais c’est probablement dans le domaine de la radiologie interventionnelle que les progrès ont été les plus importants, notamment en oncologie.

Le traitement curateur de certains carcinomes hépatocellulaires (CHC) de petite taille - moins de 3 cm - ou de lésions secondaires hépatiques d’un cancer colorectal quand celles-ci sont peu nombreuses est maintenant possible par voie percutanée à l’aide de techniques d’ablation thermique.

La plus ancienne de ces techniques d’ablation est la radiofréquence pour laquelle le recul est le plus long maintenant. Cette technique semble dans ces indications avoir des résultats assez similaires à la chirurgie, même s’il n’existe pas encore d’étude randomisée prospective à large échelle.

Les applications de ces techniques s’étendent désormais à des lésions plus volumineuses, puisque des techniques dites de radiofréquence multipolaire permettent de traiter des lésions de 5 voire 7 cm.

D’autres progrès technologiques ont été récemment introduits :

L'application de l’énergie micro-ondes permet d’obtenir très rapidement un effet de coagulation des tumeurs, ce qui permet de traiter dans le même temps plus de lésions, ce qui est intéressant en cas de lésions multiples.

On citera encore plus récemment l’électroporation qui semble avoir un intérêt dans des lésions situées près d’organes à risques, comme des vaisseaux, la plaque hilaire et ou les voies biliaires.

Le traitement par voie artérielle est également en pleine mutation. On connaissait la chimio-embolisation pour le traitement de CHC à un stade intermédiaire.

Des techniques nouvelles ont été introduites en France, comme la radio-embolisation qui permet en particulier le traitement de patients même en cas de thrombose portale, avec des résultats qui semblent très intéressants, en particulier pour les métastases du cancer colorectal, pour des CHC même à un stade avancé ou pour les cholangiocarcinomes intrahépatiques, permettant d’augmenter la survie de ces patients.

Cette radiologie interventionnelle abdominale est également la partie active de la prise en charge de malades opérés, en particulier pour préparer la chirurgie en cas d’hépatectomie large et étendue : des techniques d’embolisation portale parfois associées à l’embolisation des veines hépatiques font en effet croître le foie restant en pré-opératoire permettant ainsi de rendre opérables des malades qui initialement ne l’étaient pas.

(1) président de la Société d'imagerie abdominale et digestive (SIAD) 
(2) Pré-président de la SIAD

Prs Jean-Pierre Tasu (1) et Alain Luciani (2)

Source : Bilan Spécialiste