Une nouvelle piste dans l’infertilité féminine

Des follicules quiescents réveillés puis fécondés

Publié le 17/12/2010
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L’ÉQUIPE de Jing Li (Université de Stanford, États-Unis) a évalué la capacité du traitement de tissus ovariens murins, et ensuite humains, à induire la maturation de follicules quiescents après l’administration d’un inhibiteur de PTEN (Phosphatase with TENsin homology deleted in chromosome 10) et/ou d’un peptide activateur de la voie de signalisation P13K.

Des ovaires de souriceaux nouveau-nés ont été incubés en présence d’un inhibiteur de PTEN, bpV(pic), ou d’un milieu de culture (contrôles) pendant 24 heures. Certains ovaires ont été traités, en outre, par un puissant activateur de l’activité enzymatique P13K (740Y-P) pendant 48 heures. Le traitement par bpV(pic) et 740Y-P s’est traduit par une augmentation de l’exclusion nucléaire de Foxo3, observée au niveau de 54 % des ovocytes de follicules primordiaux.

La naissance de vingt souriceaux.

Des ovaires ont ensuite été transplantés par paires (un ovaire traité, l’autre contrôle) sous la capsule rénale de souris adultes ovariectomisées. Les rongeurs recevaient aussi de la FSH pour aider le développement des follicules. À J14 après la transplantation, on observe une nette augmentation de la taille et du poids des ovaires traités par rapport aux contrôles ainsi que la présence de gros follicules antraux, six fois plus nombreux qu’au niveau des ovaires non traités. L’analyse histologique des greffons ovariens a, par ailleurs, montré que 32 % des follicules antraux (contre 5 % chez les contrôles) contenaient des ovocytes matures (avec rupture de la vésicule germinative). Ces ovocytes matures ont été extraits des follicules à J18 après la transplantation. Une centaine d’embryons à deux cellules implantés chez dix souris pseudo-gestantes ont abouti à la naissance de vingt souriceaux sains.

Cette approche originale permet de conférer des capacités d’ovulation à des follicules primordiaux dormants. Pour des raisons éthiques, les auteurs n’ont pas essayé d’induire une fécondation des ovules humains qu’ils ont obtenus par ce procédé.

L’obtention d’un grand nombre d’ovules matures au travers de cette méthode ouvre des perspectives évidentes dans le traitement de la stérilité féminine, mais aussi dans le domaine de la production de cellules souches embryonnaires en médecine régénérative.

Proc Natl Acad Sci USA (2010), publié en ligne.

 Dr G. B.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8879