Phytothérapie et anesthésie

Des interférences possibles

Publié le 30/11/2015
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20% des patients  prennent une phytothérapie

20% des patients prennent une phytothérapie
Crédit photo : PHANIE

De nombreuses études ont désormais bien documenté la fréquente utilisation de la phytothérapie chez les patients adressés en consultation d’anesthésie avant une intervention programmée ; elle est ainsi observée chez 20 % des consultants selon une enquête multicentrique française (1). La prescription d’extraits de plantes n’est pas révélée spontanément ; elle favorise les anomalies pré-opératoires (anomalie de la coagulation et hypokaliémie) pouvant nécessiter des mesures correctrices ou une modification du protocole anesthésique (Grade B). Elle doit donc être recherchée systématiquement à l’interrogatoire.

Dans les situations où il est impossible de connaître précisément les extraits de plantes consommés par le patient la prudence est d’interrompre la phytothérapie une dizaine de jours avant l’anesthésie (Grade D).

Dans les autres situations la latitude peut être plus souple et adaptée à l’extrait de plante consommé puisqu’un nombre restreint de produits est actuellement identifié comme susceptibles d’interférer avec la période péri-opératoire (Grade D).

La société d’anesthésie américaine (ASA) met à disposition sur son site web (www. ASAhg.org) une fiche d’information concernant la phytothérapie et les suppléments diététiques destinée aux médecins et aux patients.

Echinacé, éphédra, ail, ginkgo

Compte tenu de ses propriétés immunostimulantes, la consommation d’échinacée n’est pas souhaitable chez les patients présentant une maladie auto-immune, traitée par corticoïde ou immunosuppresseur et/ou devant avoir une transplantation ; elle doit être interrompue le plus précocement possible (Grade D).

Concernant l’éphédra, une interruption thérapeutique de vingt-quatre heures avant une anesthésie est conseillée (Grade D).

Lorsque l’on souhaite éviter tout effet anti-agrégant plaquettaire, une interruption de 10 jours permettant le renouvellement plaquettaire est proposée pour l’ail, et d’au moins 36 heures pour le Ginkgo (Grade D).

En induisant l’activité du système des cytochromes P-450, le millepertuis interfère avec les molécules utilisant ce système enzymatique en réduisant leur efficacité. Un arrêt thérapeutique d’au moins cinq jours est proposé si l’on souhaite s’affranchir des effets résiduels du millepertuis (Grade D).

(1) Baillard C et al. Ann Fr Anesth Reanim 2007;26:132-5
Dr Christophe Baillard

Source : Bilan spécialiste