Des laissés-pour-compte : les gueules cassées

Publié le 09/11/2017
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« Au Revoir là-haut » qui vient juste d’être diffusé dans les salles de cinéma est un film qui nous amène à une réflexion sur notre société. La fin de la première guerre mondiale a conduit de nombreux hommes revenus du front à affronter un monde pas nécessairement bienveillant à leur égard. C’est ainsi que les gueules cassées, qui ont vécu les atrocités de la guerre, ont dû s’affranchir de l’indifférence d’une population bien plus occupée de gérer son quotidien que de s’apitoyer sur leur sort.

Les chirurgiens plastiques de l'époque

Au travers de ce film nous pouvons nous projeter dans le passé, et imaginer l’enfer quotidien de ces personnes qui ont perdu leur travail, leur identité, et ne sont plus que des fantômes. Le rôle, et l’attitude des chirurgiens plastiques de l’époque, reste très bien décrit également. Au-delà de leur fonction, mais aussi leur prestige, ils veulent montrer qu’ils excellent dans leur spécialité et qu’ils sont capables, tout comme les architectes de l’époque, de reconstruire de manière « parfaite » la face des patients mutilés. Ils rivalisent d’ingéniosité pour montrer leur supériorité vis-à-vis d’autres confrères de leur spécialité. Cependant, derrière cette technicité ils oublient l’écoute, mais surtout l’empathie vis-à-vis du patient.

Une face oubliée de notre histoire

Nous pouvons remercier le réalisateur de ce film de nous donner cet éclairage sur une face de notre histoire très rarement abordé dans des films, et qui revêt dans « Au Revoir là-haut » une dimension réaliste et quelque peu pathétique.

Outre l’histoire très bien construite, nous sortons en étant quelque peu mal à l’aise vis-à-vis de nos compatriotes qui se sont battus pour leur patrie, et qui n’ont pas obtenu de réelle reconnaissance auprès de nos concitoyens, et de la communauté médicale des années vingt.

Aussi, prenez le temps d’une pause pour vous caler dans le fauteuil d’une salle obscure pour regarder cette pépite cinématographique. Ainsi, vous aurez peut-être un regard différent sur la Société, mais aussi sur votre propre pratique en vous mettant dans la peau d’une gueule cassée. 


Source : Le Quotidien du médecin: 9617