Des politiques critiquées

Publié le 14/09/2015
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Subsiste, au niveau du Ministère, un sérieux problème concernant l’enregistrement du nab-paclitaxel dans le cancer du pancréas.

Il a en effet autorisé la mise sur le marché de cette molécule mais ne l’a pas mis sur la liste des médicaments coûteux dédiés au cancer et l’intègre dans les groupes homogènes de séjour (GHS) – l’amélioration du service rendu ne lui semblant pas suffisante. « La France est le seul pays d’Europe occidentale à avoir adopté cette attitude, déplore le Pr Taïeb (HEGP). À ceci, il faut aussi ajouter qu’il existe une inégalité territoriale d’accès à la molécule. Nous avons en France des molécules beaucoup plus chères et beaucoup plus toxiques et qui sont remboursées ».

Force est de constater également que les études conséquentes qui sont menées sur le cancer du pancréas métastatique sont le plus souvent financées par l’industrie pharmaceutique. Les budgets sont sans commune mesure avec ceux que pourraient allouer l’État. « Or ce dernier nomme ses experts en fonction de leur absence de liens d’intérêts, constate le Pr Taïeb. C’est louable mais un expert qui ne participe pas aux grandes études sponsorisées a-t-il réellement toutes les cartes en main pour juger de l’intérêt d’une molécule ? L’industrie, de son côté, devrait développer la recherche de facteurs prédictifs de réponse aux médicaments, et informer clairement que certains s’adressent à des malades sélectionnés. Elle nous aidera ainsi à donner le bon traitement au bon patient et elle n’en sera que plus crédible ».

Entretien avec le Pr Julien Taïeb, Service d’hépato-gastroentérologie et d’oncologie digestive, HEGP, Paris
Dr Brigitte Martin

Source : Congrès spécialiste