Prévention du vieillissement

Détecter la fragilité en cure thermale

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Publié le 19/01/2017
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PREVENTION

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Crédit photo : PHANIE

La population thermale, dont la moyenne d’âge, 64 ans, coïncide avec l’espérance de vie sans handicap, est en l’occurrence un sujet d’étude idéal ; les stations thermales, un relais du bien vieillir.

Les différents programmes mis en place ces dernières années en témoignent (Parenthèse pour les aidants Alzheimer, cures post-cancer du sein, etc.). C’est ainsi qu’une étude de faisabilité d’une consultation prévention santé (telle que recommandée à 70 ans) a été conduite en milieu thermal, pilotée par le Pr Claude Jeandel. Elle permet une vision plus dynamique des problématiques de santé, en particulier dans les domaines de la nutrition, de la mobilité et de la cognition. « Dans cette population, en majorité féminine, de 73 ans d’âge médian, qui se perçoit en mauvais état de santé, mais paradoxalement dotée d’une bonne qualité de vie, 70 % ! sont identifiées comme potentiellement fragiles, perte d’intérêt, malobservance, etc. », rapporte le Pr Christian Roques, président du conseil scientifique de l’Association française pour la recherche thermale (AFRETh), lors d'un symposium aux derniers Entretiens de Bichat (Paris). Or, la fragilité, facteur prédictif d’évènements défavorables (des perspectives de chutes deux fois plus importantes dans les 7 ans, un risque d’altération de l’autonomie multiplié par 5), est réversible pendant un certain temps.

Une démarche exemplaire

Une fois dépistée cette fragilité, avec des outils simples et rapides, sur le modèle de ce que pratique le Gérontopôle de Toulouse, reste à la prendre en charge… ce qui est parfaitement envisageable dans les établissements thermaux où des dispositifs pour inverser cette tendance à la fragilité, interventions ponctuelles ou programmes coordonnés, sont d’ailleurs déjà mis en œuvre. La démarche du Gérontopôle, d’évaluation des fragilités et de prévention de la dépendance, en hôpital de jour, est à cet égard exemplaire. Aux personnes cibles, de plus de 65 ans et identifiées comme fragiles (pour une raison ou pour une autre), est proposé un plan personnalisé de soins, avec la collaboration du médecin traitant. Quand les critères de fragilité ont été identifiés (troubles thymiques, perte de poids, fatigue, vitesse de marche réduite, etc.), le patient est orienté vers un spécialiste, ophtalmologiste, professeur de sport, psychiatre, etc., et chacun des facteurs de fragilité (3 au plus) traité, qui par l’activité physique, qui par la nutrition, qui par la stimulation cognitive, etc. L’analyse de l’ordonnance est systématique pour éviter les incidents iatrogéniques, le médecin généraliste consulté à toutes les étapes. « Ils sont invités par ailleurs à entrer dans un programme de recherche pour valider le bien-fondé de cette stratégie », signale le Dr Marion Sécher (Gérontopôle de Toulouse).

 

 

Dr Brigitte Blond

Source : Le Quotidien du médecin: 9548