A l'adolescence, le contrôle glycémique du diabétique (DID type 1) se détériore : observance thérapeutique médiocre, croissance rapide, modifications hormonales (surtout chez les filles) contribuent à cette dégradation. Au moment de la puberté, précise le Dr C. Acerini (Grande-Bretagne), il y a une résistance accrue à l'insuline liée à des anomalies complexes de l'axe, hormone de croissance (GH)-Insulin-Like Growth Factor-I (IGF-I). Des doses accrues d'insuline souvent nécessaires peuvent contrôler ces troubles au prix d'une hyper-« insulinisation » périphérique majorant le risque d'hypoglycémie et de gain pondéral, en particulier chez les filles. Actuellement, la recherche thérapeutique s'attache à agir sur l'axe GH-IGF et à restaurer une sensibilité à l'insuline.
La prise en charge d'un adolescent diabétique revient à considérer celui-ci d'abord comme un adolescent, ensuite comme un diabétique, en fixant des objectifs thérapeutiques réalistes, négociés et gradués dans le temps, souligne le Dr N. Tubiana Rufi (Paris). Elle requiert la coopération de l'adolescent, de tous les acteurs de santé, des parents et des amis (animation de différents groupes).
La mauvaise observance est au centre du problème. Celle-ci, reflet de la compliance des parents, est meilleure chez l'enfant. Si, entre les âges de 10 et 14 ans, la connaissance du DID par le patient s'améliore, l'adhésion au traitement se dégrade (étude AJD). Un bon point malgré tout pour les adolescents diabétiques : ils seraient, selon une étude menée à l'hôpital Bicêtre (Le Kremlin-Bicêtre), plus « observants » que bon nombre de patients de leur âge souffrant de maladie chronique (mucoviscidose, greffés).
Troubles de l'équilibre glycémique plus nets chez les filles
Néanmoins, une étude sur 1 440 adolescents insulinodépendants, sélectionnés pour leur bonne observance, montre des troubles de l'équilibre glycémique, plus nets chez les filles, de même que le surpoids et les troubles du comportement alimentaire (grignotages).
Le traitement est négocié avec le patient qui ne doit être considéré ni comme un enfant ni comme un adulte ; il doit pouvoir s'exprimer à propos de ses difficultés d'observance. Certaines modalités peuvent être adaptées : 2 injections par jour d'un mélange prérempli (plutôt que quatre, réduites à une seule par le patient), schéma basal bolus, insuline Lispro, utilisation du stylo. La pompe représente un outil « idéal » (flexibilité, amélioration démontrée de l'équilibre glycémique, augmentation d'IGF1, réduction de GH), elle est malheureusement difficilement acceptée par les adolescents.
Paris, 12es Journées Lilly de diabétologie : « Le diabète au féminin », présidé par le Pr V. Kerlan (Brest).
« Pilule » chez l'ado diabétique : oui, mais...
Il n'y a pas de raison de refuser la pilule estroprogestative minidosée de 2e ou 3e génération à une jeune fille ayant un DID 1, sans complication rétinienne ou rénale évoluée. La réserve habituelle à ce sujet est à l'origine de trop d'IVG ou de grossesses non désirées, estime le Pr J. Bringer (Montpellier).
Les contre-indications ne diffèrent pas de celles de la femme non diabétique : tabagisme, antécédents de thrombose veineuse, HTA, hypertriglycéridémie, avant ou au cours de la prescription, de même qu'un dème maculaire, une rétinopathie ischémique non maîtrisée par coagulation.
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