Raphaël Dumoulin a toujours voulu être chirurgien. Ce but, il devait l’atteindre ! Recalé en France, le jeune homme se lance à corps perdu dans le système médical allemand après avoir appris en un temps record la langue de Goethe. Aujourd’hui, le Dr Dumoulin est ce qu’il a toujours voulu être… Chirurgien, mais en Allemagne
Ce jeune trentenaire est né à Dijon. Deux échecs pour l’internat l’ont poussé à quitter le cursus d’enseignement médical français. Absolument déterminé à suivre la voie qu’il s’est fixée, il opte pour l’expatriation en Allemagne sans être germaniste !
À dire vrai, l'exemple d'un internat réussi par un ami et une compagne allemande ont quelque peu influencé son choix. Si l’idée est actée, le départ est nécessairement préparé très à l’avance. Ne serait-ce que pour lever la barrière de la langue. Car, d’après Raphaël Dumoulin, tout restait à faire, avant de prétendre intégrer le système médical allemand.
La barrière linguistique ? Qu’à cela ne tienne pour le jeune homme décidé. « J'ai appris l’allemand en trois ans. J’ai été soutenu dans ce projet par mes potes et par mes parents. Mais j’ai vraiment profité de l’expérience de cet ami parti avant moi. Il a intégré une formation allemande en chirurgie après avoir, lui aussi, raté deux fois l’internat en France. »
Outre-Rhin l'interne fait le travail de l'infirmier
C'est un véritable parcours du combattant qui débute. Bien qu’il recherche un poste en chirurgie viscérale, il fait ses premières armes en chirurgie vasculaire et dans un tout petit hôpital, près de Mayence. Cette première immersion dans le système de santé germanique a été, de l’aveu du jeune interne, « horrible, car les fonctions d’ASH – l’interne en Allemagne – relèvent plus du travail de l’infirmier que du médecin. C’est l’interne qui fait les prises de sang et tout l’administratif. En Allemagne, chaque Land à son propre fonctionnement et chaque chef de service, tout puissant, est habilité à former 1 ou 2 internes ».
Si cela n'a pas été facile au début, outre la nécessaire adaptation culturelle et linguistique, c'est aussi parce que la fonction d’urgentiste, ici, n’existe pas. Chaque chef de service décide du fonctionnement de ses urgences via les internes qui assument en rotation cette charge. Souvent, le jeune interne d'adoption s'est senti seul et livré à lui-même pendant ses 6 mois intensifs aux urgences, mais il reconnaît volontiers que c'était très formateur. « Pour être interne en Allemagne, il faut se vendre et passer un entretien d’embauche auprès du chef de service qui décide tout. »
Chirurgien après 6 ans de pratique
Si le système allemand est plus rémunérateur (le praticien évoque un salaire brut annuel de 75 000 euros pour 13 000 euros d’impôts), le nombre de gardes s'élève à 5 voire 6 par mois versus 3 environ en France. Le Dr Dumoulin regrette le temps plus important au bloc en France mais il apprécie outre-Rhin la possibilité pour un spécialiste de devenir chirurgien à partir de six années de pratique.
« Même médecin, on reste un étranger. Être français est plutôt une chance car pour les autres médecins étrangers, c’est encore plus difficile », souligne Raphaël Dumoulin. Si le patient allemand est très respectueux à l'égard de l'ensemble du corps médical, il est très exigeant quant à son droit à l'information. Un défaut d'information revient à un risque important de judiciarisation.
Si c'était à refaire, il repartirait sans doute. Même s'il n'exclut pas un possible retour : « Le système allemand m’a permis de devenir chirurgien mais je ne renonce pas pour autant à la France… Si je trouve un poste de PH. »
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