Dr T.A., l'enfer des procédures

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Publié le 30/01/2017
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Oncologue de Damas, le Dr T.A. est arrivé en France en 2014 après un long périple. Arrêté fin 2011, pour avoir exercé dans les premiers hôpitaux de campagne, torturé, il part en Jordanie à sa libération en mars 2012.

Aux côtés de confrères syriens aux trajectoires tristement semblables, il y travaille huit mois, à aider ses compatriotes, en Jordanie et en Syrie, puis voyage aux États-Unis pour honorer l’invitation d’un hôpital, revient vers la frontière turquo-syrienne, mais, à cause du danger, fuit de nouveau. La France lui accorde un visa. Il veut demander l’asile en Hollande, mais la procédure de Dublin en décide autrement. Il reste donc en France, où il obtient son statut de réfugié.

« Ma première année, je l’ai passée à courir entre toutes les administrations, à chercher un logement », raconte-t-il, consterné par la complexité des procédures. Le Dr A. commence des cours de français. Trop lents, pas adaptés. « J’étais prêt à payer des cours intensifs à la fac. Mais non, ça ne rentrait pas dans le système », s’agace-t-il, peu habitué à dépendre de services sociaux. Fin 2015, sollicité par un confrère, il part à Lesbos, en Grèce, travailler comme médecin pour l’ONG WAHA (Women and health alliance international). La structure l'engage ensuite comme coordinateur médical puis responsable des opérations médicales au Moyen-Orient. Un travail qu’il aime et qui lui permet de partir sur les théâtres de guerre – où il sait exactement comment gérer l'aide médicale, pour l'avoir fait dans son pays, dit-il.

Mais son désir d’exercer sa profession d’oncologue reste inextinguible. « J’ai fait plus de 12 ans d’études. Je ne suis pas là pour faire du tourisme, ou dépendre du RSA. J’espérais un autre système, où il y aurait des cours de langue spécifiques pour les médecins, un soutien pour trouver rapidement un logement, et pouvoir travailler », se désespère-t-il.

C. G.

Source : Le Quotidien du médecin: 9551