Aux Journées françaises de radiologie

Du nouveau dans l’angioscanner post-mortem

Publié le 28/11/2011
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ACTUELLEMENT, ces techniques d’investigation font partie intégrante du plateau technique d’un nombre croissant d’instituts de médecine légale dans le monde. En Suisse, depuis quelques années, les techniques modernes de l’imagerie médicale prennent de l’importance dans les examens post-mortem. « En 2009 nous avions un seul centre d`imagerie post-mortem à Lausanne ; aujourd’hui, il y en quatre autres répartis sur le territoire à Berne, Zurich, Bâle et Saint-Gall, et en 2013 tous les instituts de médecine légale travailleront avec l’imagerie virtuelle », souligne le Dr Silke Grabherr (Centre Universitaire romand de médecine légale Lausanne).

Le développement et la recherche en imagerie post-mortem ont permis de repousser plus loin les limites de l’autopsie conventionnelle ; l’angiographie post-mortem en est un exemple. Comparable à l’angio-scan, l’angio-CT post-mortem est une technique peu invasive permettant d’effectuer une angiographie sur corps entier. À l’aide d’une machine à circulation extra-corporelle modifiée et du liquide de contraste lipophile, la technique permet de visualiser le système vasculaire d’une manière détaillée impossible à obtenir lors d’une autopsie conventionnelle.

Le groupe de recherche lausannois a développé un nouveau protocole standardisé pour une technique appelée « angio-CT post-mortem en phases multiples » qui permet d’améliorer le diagnostic radiologique grâce à un remplissage de chaque vaisseau et du système vasculaire dans son entier et l’exécution d’au moins trois phases angiographiques plus un scanner natif.

De plus, de nouveaux équipements incluant une pompe à perfusion du matériel prêt à l’emploi et un produit de contraste spécifique ont été développés.

Vasculaire, os, tissus mous, parenchyme.

Une étude a été réalisée sur 50 cas pour comparer l’angio-TDM post-mortem à l’autopsie sur la détection de lésions essentielles au niveau vasculaire, de l’os, des tissus mous et du parenchyme des organes.

L’analyse des résultats montre que l’angio-TDM post-mortem est supérieure à l’autopsie pour les constatations essentielles concernant le système vasculaire, le tissu osseux et les tissus mous ; elle pourrait remplacer l’autopsie pour la détection des lésions vasculaires, de l’os et des tissus mous.

En revanche, l’angio-TDM post-mortem ne pourrait remplacer l’autopsie pour les constatations essentielles concernant le parenchyme des organes.

Les indications de l`angio-TDM post-mortem ne dépendent pas de la cause du décès mais de la nature des lésions suspectées et de leur importance.

L’angio-TDM présente de nouvelles possibilités d’investigations en médecine légale, jamais connue avec une simple autopsie. Néanmoins, il y a un risque de faux positifs liés à des artefacts post-mortem, à l’injection de produit de contraste ou à des artefacts antérieurs à l’injection de produit de contraste (biopsie pulmonaire, ponction péricardique). Selon une étude réalisée par le Dr Silke Grabherr et son équipe, ces artefacts étant, il est important de les connaître pour augmenter la qualité du diagnostic radiologique, ce qui impose une collaboration interdisciplinaire pour expliquer ces artefacts.

Depuis 2009, la spécialité de techniciens en radiologie de médecine légale s’est développée en Suisse avec des cours de formation leur permettant d’accomplir toutes les tâches nécessaire pour effectuer une angiographie post-mortem.

Quel est le futur pour l’angio-TDM post-mortem ? Le Dr Silke Grabherr et ses collaborateurs forment le projet de créer un groupe de travail (Technical Working Group Post mortem Angiography Methods ) dont les buts sont : l’échange de données pour des études multicentriques, l’assistance-conseil pour l’interprétation radiologique, le développement de standards internationaux pour l’angio-TDM, l’organisation commune de workshops et de conférence et l’élaboration d’un Atlas d’angio-TDM post-mortem.

Séance thématique organisée par la Société Française de Radiologie et le Société Française de Médecine Légale. Communication du Dr Silke Grabherr (Centre Universitaire de Médecine Légale Lausanne).

 Dr MICHELINE FOURCADE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9049